Amédée, as-tu du cœur ?

Goldblat

Michel Goldblat fut l’un des plus brillants rédacteurs publicitaires de langue française, au moins aussi doué qu’un David Abott de langue anglaise. C’est lui qui, en novembre 1982, osa m’engager comme rédacteur chez Intermarco-Farner, à Bruxelles, et m’inocula le virus des mots précis, des phrases dégraissées, des concepts qui tapent là où il faut.
Bien évidemment, il ne pouvait passer sa vie à écrire de redoutables campagnes pour Renault, Le Soir, Bancontact, Schweppes, Volkswagen et tant d’autres, il lui fallut un jour faire des phrases plus longues, raconter une histoire étonnante, ce qui donna un formidable premier roman : D’amour et d’ordure, l’histoire d’amour folle ou l’histoire folle d’amour d’un certain John Mitchell Acheson, dit JMA ou encore El Puente, l’homme qui pue.
Il y a vingt ans.
Le livre fut alors très bien accueilli par la critique et un journaliste du Soir concluait son papier par : Brillant et inattendu, «D’amour et d’ordure» est une bonne surprise, dont on espère le renouvellement de la part de Michel Goldblat.
Michel aura donc mis vingt ans à atteindre ce « renouvellement » et nous offre aujourd’hui un second roman plein de malice, d’humour et de tendresse : Ce qui manque à Amédée*.
Si El Puente avait quelque chose en trop, son odeur, Amédée lui, a quelque chose en moins : un cœur. Il est né sans cœur. Et il n’en fallait pas davantage à Michel pour, de cette malformation rarissime, raconter en une centaine de courts chapitres la vie de ce pauvre garçon qui ne pleure pas lorsque Dumbo est séparé de sa maman et qui, plus tard aura bien du mal à trouver l’amour, puisque sans cœur, on se demande bien où se nichent les sentiments. Et là, surprise. Mais… chut !
Deux livres en vingt ans, savourez-les.

*Ce qui manque à Amédée, de Michel Goldblat. Éditions Mols. En librairie depuis le 2 novembre 2017. Et D’Amour et d’ordure, éditions Plon, en livre numérique ou chez un bon bouquiniste.