Author Archive | Grégoire Delacourt

Dans Sophie Simon, il y a Simon.

Je me souviens de ma première rencontre avec Sophie. Elle présentait son livre aux représentants (qui allaient devoir à leur tour le présenter aux libraires, avec cent autres). Je lui avais alors demandé si elle était contente de son texte et elle avait souri (ce qu’elle n’a pas de plus vilain). Puis, elle m’avait simplement répondu oui. Oui. C’était un oui modeste. Un oui du cœur. Un oui peureux encore. Un oui de maman qui ouvre les bras et laisse son petit partir, pour la première fois. Elle avait raison. Gary tout seul est un formidable roman – américain – d’hommes (le côté Simon, de Sophie sans doute). Un roman sur l’amitié. Sur la peur d’être un homme justement. Un roman sur les parents qui disparaissent, reviennent, se collent, vous bouffent. Un roman sur l’envie de plaire, de réussir, jusqu’à en payer le prix fort, jusqu’à revenir enfin au prix juste. L’estime de soi. La reconnaissance de l’autre.

6 jun 14

Editions JC Lattès. En librairie et ailleurs depuis avril 2014.

Laisse partir ceux qu’on aime.

Avec son chapeau, Paul Vacca est très chic. Il habite un coin chic où il a Sorj Chalandon pour très chic voisin. On imagine leurs discussions chics, dans leurs jardins ensoleillés, dès le printemps : merde fais gaffe, les saucisses crament ; quelqu’un a-t-il pensé au rosé, putain ! parce qu’au-delà de ce qu’on imagine, Paul et Sorj sont d’efficaces bons vivants (on ne peut d’ailleurs pas aussi bien écrire si on n’aime pas la vie). Bref. J’ai rencontré Paul parce qu’il venait de rencontrer L’Ecrivain de la famille. Il fut le premier auteur à m’écrire ce qu’il en pensait, et depuis, nous nous lisons avec bonheur.
Quand j’ai découvert La Petite cloche au son grêle, son premier roman, mes rares poils sur les bras se sont hérissés. J’ai eu soudain froid et chaud et les baisers de ma mère m’ont atrocement manqué et les rires et la vie et tout ce qu’on aime parce tout ce qu’on aime s’en va un jour. Paul a écrit une magnifique histoire d’enfance, de madeleines, d’élégantes cicatrices qui portent si bien leurs noms.
Et pour rester fidèle à sa réputation chic, « La Petite cloche » a obtenu le très chic Prix du Cercle Littéraire Proustien de Cabourg-Balbec.

1 jun 14

Le Livre de Poche. Disponible depuis mai 2013. Merci en passant à Carine Fannius.
De Paul Vacca également : Nueva Königsberg (Philippe Rey, 2009) et La Société du hold-up (Mille et une nuits, 2012).

Ah, Mireille (s).

Je connais trois Mireille. Darc. Mathieu. Et Calmel. La première, inoubliable dans cette robe noire dont l’échancrure dans le dos, révélait deux fesses pommelées, accueillantes. La deuxième, dont la frange immuable plaisait (surtout au Japon) ainsi que son histoire triste de « mes très nombreux frères et sœurs que je m’occupe ». Et la troisième avec ses mots, ses livres à succès et son immense gentillesse.
J’ai rencontré Mireille Calmel au salon du Livre de Nice il y a deux ans et l’incroyable dévotion de ses lecteurs m’a donné envie de découvrir ses histoires. Le Bal des Louves (tome 1 et 2, oui). Lady Pirate (tome 1 et 2, oui, oui ; au fait, fais-toi du mouron, Angélique). Et il m’est apparu qu’au-delà de l’aspect roman historique, Mireille sondait les douleurs des femmes. Explorait leurs failles. Découvrait leurs forces. Et nous en livrait quelques unes, écorchées et inoubliables.
La voilà aujourd’hui qui nous présente sa Marquise de Sade. Un épatant roman (historique) épistolaire sur le désir, l’amour et le cul ; avec des jardins, des buissons, des boutons ; avec une immense euphorie qui me laisse penser que Mireille n’a pas fini de nous régaler.

29 May 14

Mireille Darc. Le grand blond avec une chaussure noire (1972). Réal : Yves  Robert.
Mireille Mathieu. Disque d’or (1973). Polydor.
Mireille Calmel. La Marquise de Sade (2014). Editions XO. Par contre, pour « la bogue de châtaigne aux épines coupées court et enveloppée de cire », je crains que vous ne deviez la réaliser vous-même. Prix Coeur de France 2015.

Après Jocelyne, Jeanine.

Voici enfin La Première chose qu’on regarde au Livre de Poche (merci au passage à toute l’équipe pour la très joyeuse couverture) ; une histoire d’amour qui parle aussi de cinéma, c’est-à-dire d’illusions, de trucages, d’apparences. Donc de nous.

28 may 14

Invité #6. François Kermoal.

François Kermoal est journaliste. Mais c’est surtout une sorte de grand timide. Ou de vrai modeste. Il a écrit pendant des années, chaque semaine, un éditorial brillant sur le monde (curieux) de la pub dans Stratégies dont il était rédacteur en chef. Puis il s’est attaqué à faire de L’Entreprise un mensuel moderne (sans porter un T-shirt rayé blanc et bleu). Et il y est parvenu, juste au moment où les entreprises devinrent malaimées (à partir du 6 mai 2012 environ). François écrit mieux que bien ; un jour il fera un livre, ou réalisera un film. Il hésite encore. Il croit à Internet, à la technologie, au digital, et certains soirs, quand on discute de ce monde-là (merci le petit Ventoux), il me trouve ringard. Je lui ai demandé de nous présenter l’un des ses coups de cœur.

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« Que ferions-nous si nous pouvions changer le passé ? En profiterions-nous pour (nous) inventer une autre histoire, un autre destin? Quand Elias Ein, un septuagénaire un peu fatigué par la vie, débarque à Braunau pour y couler une retraite paisible, il ne se doute pas que la maison qu’il vient d’acquérir dans ce bourg autrichien paumé renferme un trésor : une bibliothèque qui sert d’écrin à toutes les vies du monde. Le Livre secret va faire basculer la sienne, au propre et au figuré. Ce premier roman haletant de Gregory Samak, écrit comme une conte, est aussi une belle histoire littéraire. Le livre a d’abord été auto-édité par son auteur dans une version numérique pour Kindle. Les commentaires élogieux de ses premiers lecteurs ont persuadé Flammarion Versilio de l’imprimer sur papier. Pour de vrai. »

 

 

 

 

 

Je te donne mon coeur. (Ou mes reins. Mon foie. Mes poumons).

Un jour, quelqu’un m’a dit « je n’ai pas lu votre livre parce que tout le monde le lit ». J’avais trouvé ça un peu excessif mais lorsque le livre de Maylis de Kerangal est paru, quand toutes les critiques étaient dithyrambiques, quand tout le monde disait vouloir le lire, j’ai compris le quelqu’un ci-dessus. Il me semblait alors que je voulais découvrir ce texte au calme, loin des autres ; loin de ce qu’ils pensaient/penseraient. Je viens de le lire (à un curieux moment de ma vie puisque mon père vient de s’en aller, que personne n’a pu le réparer). C’est un livre puissant, agaçant, trop long, trop court ; un texte qu’on a envie de gifler puis d’embrasser. Comme la vie. En cela, Réparer les vivants, est important. Je n’ai pas pu ne pas (merci Kant) m’empêcher de penser à Sept Vies (l’immense film de Gabriele Muccino, écrit par Grant Nieporte). De Kerangal dissèque. Muccino aime. Les deux sont magnifiques. Reste cette terrible question. Peut-on mourir quand on vit en quelqu’un ?

24 may 1424 may 14 bis

Réparer les Vivants, aux éditions Verticales. Sept Vies, en dvd.