Faye est unique et ils sont deux.

Difficile de parler d’un livre1 qui fut encensé avant même sa sortie, qui rafla les premier2 et dernier3 Prix littéraires de la saison, qui est celui qui se vendit le mieux dans une période atone pour les libraires, écrit par un chanteur de slam et de rap, né de père français, de mère rwandaise, – adolescence à Versailles au lycée Jules Ferry, avant d’aller officier à Londres dans un fonds d’investissement pour finalement se consacrer à la chanson et à un premier formidable roman qui met en scène la jeunesse d’un gamin à Bujumbura (Burundi) sur fond de guerre entre les Hutus et les Tutsis, écartelé entre des racines blanches et des racines noires. À noter la scène incroyable où la maman raconte sa découverte de trois cadavres d’enfants, morts depuis longtemps, et qui s’émiettent quand elle tente de les prendre.
Je vous parlerai donc d’un autre Faye et de son sublissime Nagasaki4 qui, en son temps, remporta le Grand Prix de l’Académie Française, et, accessoirement, me procura une grande claque. L’histoire de Shimura-san qui mène une existence vide, vit seul, mange seul, dort seul et, un jour, a l’impression que des choses bougent dans la maison. Un yaourt disparaît. Le niveau du jus de fruit baisse dans la bouteille. Et il installe une webcam. Je ne vous en dirais pas plus sur la beauté littéraire, la construction parfaite de cette histoire inspirée d’un authentique et terrible fait divers. Ce genre d’histoires vraies qui en dit si long, et de façon si crue, sur l’immense désespoir des uns, parfois.

  1. Petit Pays, de Gaël Faye. Éditions Grasset. En librairie depuis le 24 août 2016.
  2. Prix du roman Fnac 2016.
  3. Prix Goncourt des Lycéens 2016.
  4. Nagasaki, d’Éric Faye. Éditions Stock, sorti le 18 août 2010. Et chez J’ai Lu depuis le 5 octobre 2011.