« Si j’avais su, j’aurais venu. » (Petit Gibus).

Qu’il est joyeux, ce livre. Une guerre des boutons algéroise. Des enfants se battent contre deux généraux pour garder leur terrain de jeux, là où les militaires veulent se faire construire « d’immenses villas aux fenêtres verrouillées par des barreaux, aux portes blindées, aux murs hérissés de fils barbelés » (page 248). Avec Les petits de Décembre*, Kaouther Adimi écrit l’histoire d’Inès, de Jamyl et de Mahdi, trois gamins d’aujourd’hui, dans une Algérie encore ébranlée par les soubresauts de son histoire et où les adultes, eux, semblent avoir renoncé. Ils sont l’avenir. Ils sont les rêves. Ils sont ce que l’enfance porte de plus beau. De plus haut. Alors ce grand terrain au milieu de la cité du 11-Décembre, ils vont l’occuper. N’en plus bouger. Résister. De partout, d’autres enfants viendront les rejoindre. Un campement joyeux. Des victuailles, comme pour un immense pique-nique. Et leurs tas de petits cailloux, comme des balles, pour repousser l’envahisseur. Une très jolie fable sur la résistance. Grave comme le célèbre roman de William Golding, mais traité à la Yves Robert, ce qui lui donne tout son sel. Et surtout, sa redoutable efficacité. À l’heure où, ici, on casse tout sans rien obtenir, ces gamins d’Algérie nous donnent une grande leçon.

*Les petits de Décembre, de Kaouther Adimi. Éditions du Seuil, collection Fiction & Cie. En librairie depuis le 14 août 2019.