Sueurs froides sous le soleil.

Michael Weaver

Un été à la plage (2). Je n’échappe pas à cette tradition qui veut qu’en été on puisse lire des livres de divertissement, sans être taxé de « popu ». Le thriller de Michael Weaver1 en est un excellent. Je l’avais lu à sa sortie chez Pocket2, en 1995, et j’en gardais le souvenir d’une intrigue formidable, un premier roman best-seller dans lequel la critique avait alors vu le digne émule de Thomas Harris et de Stephen King. Pas rien, en somme.
Je viens de le relire d’une traite, au milieu des cigales.
« Obsession mortelle » (plus chic en anglais sous le titre « Impulse ») est construit autour de la trame classique de l’étranger qui débarque chez un couple, et la situation bascule très vite dans l’effroi.
Une construction parfaite, une écriture redoutablement efficace, des personnages cassés, quelques amours qui tiennent de la rédemption, une mère dont l’inceste est la seule raison de vivre, « Je l’ai gardé à l’intérieur de moi comme si je ne l’avais jamais mis au monde » (page 386), des héros brisés, « Certaines blessures ne cicatrisent jamais. Au mieux, au bout d’un moment, on cesse de saigner ». Weaver s’inscrit en grand romancier de nos peurs, comme, à la même époque, un Alan J. Pakula au cinéma, ou un James Dearden au scénario.
Alors sur la plage, cet été, retournez vingt-trois ans en arrière, à l’époque où les thrillers avaient le réalisme terrifiant, loin des effets de manche et autres invraisemblances qu’on nous sert aujourd’hui.
La seule chose vraiment très moche dans tout ça, c’est que Michael Weaver n’a écrit que trois livres3.

1. Obsession Mortelle, de Michael Weaver. Éditions Belfond, collection Nuits Noires (1993). Puis Pocket (1995).
2. On appréciera la couverture terriblement vilaine de la première édition de 1995, qui lorgne du côté des thrillers des années 60 (comme celle ci-dessous) ; et il semble en plus, qu’ici, quelqu’un ait décidé de gommer ce que la main de l’homme au premier plan semble tenir (un couteau ?), ce qui confine au ridicule. Je me suis d’ailleurs permis, pour ce billet, un titre parfumé à ces années-là.
3. En plus de celui-ci : La Part du Mensonge, Pocket 1996, et Le mensonge, Belfond, 1999.

Michael Weaver 2