Tilt.

Sophie Adriansen

Rentrée littéraire 2016. Sophie Adriansen a un immense appétit de mots. Non contente de tenir depuis dix ans un blog sur les livres des autres, elle a commencé à écrire ses propres livres en 2010 et, depuis, en a produit dix-neuf (quatre romans, six « non-fiction » et neuf livres jeunesse). Comme elle n’osera sans doute pas chroniquer elle-même son dernier roman, je m’en charge avec plaisir.
Le Syndrome de la vitre étoilée* qui doit son titre aux vitre étoilées des flippers sur lesquelles les joueurs frustrés ont frappé, comme on frappe j’imagine une table ou un mur parce que rien ne se déroule comme on le voudrait, « Le Syndrome de la vitre étoilée » donc, tient davantage du journal que du roman, et c’est tant mieux.
Comme dans tout journal qui se respecte, il y a des citations, des extraits de magazines, de livres, de chansons, des carnets roses, des quizz, des tests, des listes d’expressions, des pensées brèves, des pensées longues, des souvenirs, et du présent.
Et c’est dans son présent que le livre est touchant, là où il raconte le parcours tour à tour drôle, amer et cruel, d’une trentenaire en mal d’enfant, et que son amoureux ne peut honorer pour cause d’une semence fertile à 6% seulement (page 24). S’ensuivent plusieurs inséminations, toutes stériles, quelques rêves envolés, des soirées tristes, des baby shower chez les autres, et une vie à deux finalement écourtée, faute d’une réalité plus grande que vous.
Ici, l’absence d’enfant révèle l’absence d’amour mais au bout de ce périple, la narratrice aura accouché d’elle-même : une femme vivante, joyeuse et libre.
Et ça, ça fait tilt.

*Le Syndrome de la vitre étoilée, de Sophie Adriansen. Éditions Fleuve. En librairie depuis le 25 août 2016.