Karine Fléjo est la première personne à m’avoir appris ce qu’était une blogueuse (j’avais d’abord cru à une blague), parce qu’on m’avait fait découvrir sur son blog, ce qu’elle avait écrit sur mon premier texte, L’Écrivain de la famille. Nous étions en 2011. Et comme c’était l’une des premières critiques que je lisais, je me suis empressé de la remercier –d’autant que la critique était bienveillante. Peu de temps après, lorsque j’ai obtenu le « Prix Carrefour du Premier Roman », on m’a demandé quelles étaient les personnes que je souhaitais inviter à la fête, je n’ai alors proposé qu’un seul* nom. Le sien. Depuis, nous nous sommes revus quelques fois. Elle m’a fait le cadeau de me faire lire ses très bons textes à elle (elle fera bientôt un livre, j’en suis sûr -que je bloguerai ici, et, en attendant, elle s’est mise au dessin : c’est à dire un trait qui, au lieu de former une lettre, forme ce que le mot dit. C’est tout en délicatesse. Et ça lui ressemble.
Je lui ai demandé de nous présenter l’un de ses coups de cœur. Le voici.
« Novembre 1954. Dans neuf jours et neuf nuits, le camp d’Ellis Island, lieu de passage principal des immigrants qui arrivent aux Etats-Unis, va fermer ses portes. Pour John Mitchell, son directeur, dernier occupant des lieux, c’est l’heure du bilan. Et de se remémorer les drames qui ont jalonné ses quarante-cinq années de service, du décès de sa femme tant aimée à son amour interdit avec Nella, une immigrante sarde. Entre devoir et compassion, raison et sentiments, responsabilité et culpabilité, il fait défiler sur l’écran de ses pensées les milliers d’hommes, de femmes et d’enfants en quête d’un avenir meilleur à avoir tenté leur chance en ces lieux. Et d’être animé par l’urgence de coucher ses souvenirs sur le papier, d’alléger quelque peu le fardeau de la culpabilité par l’aveu. Avec une écriture sobre, ciselée, aussi vibrante que belle, Gaëlle Josse dresse le portrait d’un homme viscéralement attachant, qui toute sa vie aura essayé d’être un employé irréprochable, mais sera avant tout et surtout resté un humain. Un roman magnifique ».
Le dernier gardien d’Ellis Island, de Gaëlle Josse**, aux Editions Notab/lia. En librairie depuis avril.
* Ceci dit, nous ne fûmes pas que deux. Entre les organisateurs, les éditeurs, les jurés, les invités des autres, les gourmands, les affamés, les pique-assiettes, les journalistes, nous fûmes ce soir là près de deux cents, chez Harcourt.
**Pour la petite histoire, j’ai eu l’honneur de présider en 2012 le dixième Prix du Marais organisé par la très dynamique Médiathèque de Lomme (59) et la joie de remettre ce Prix (doté, net d’impôt) à Gaëlle pour ses formidables Heures Silencieuses, parues aux éditions Autrement.