Invitée #28. Véronique Cardi.

Véronique aime tellement les livres qu’elle n’en écrira jamais.
Par contre, elle fait tout ce qui est possible pour que les livres existent, aient une vie très longue et nous enchantent à chaque page.
C’est sans doute pour cela qu’elle est devenue (une excellente) éditrice.
Chez Philippe Rey d’abord, puis au Seuil, puis chez Belfond, avant de créer Les Escales où elle découvre, entre autres, le magnifique texte de Victoria Hislop, L’île des oubliés, puis de rejoindre Le Livre de Poche comme directrice générale. Elle y a fait démarrer le Camion qui livre – quelle belle idée – et créé la très prometteuse maison d’édition Préludes (qui publie les textes épatants de Nicolas Delesalle).
Elle est donc un peu ma patronne, d’où ces quelques fleurs – que je lui envoie avec un plaisir sincère car au-delà de sa passion des livres, de son immense respect des auteurs, Véronique est quelqu’un qui aime rire, se régaler, parfois même boire un très bon verre de vin (souviens-toi de ce vin espagnol parfait à Quiberon) ; toutes choses qui font d’elle une personne profondément vivante, de cette idée de la vie qui est la raison même de vivre.
Je lui ai demandé de nous présenter l’un de ses coups de cœur de la rentrée littéraire. Le voici.

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Rentrée littéraire 2016. « S’évader par le simple pouvoir des mots, voilà une des promesses de la littérature à laquelle je n’ai jamais su résister. Et quand un roman* arrive à me télétransporter de mon canapé de la Butte aux Cailles aux canaux d’Amsterdam en 1634 sur les traces d’une jeune servante hollandaise tout droit sortie d’un tableau de Vermeer, je ne boude pas mon plaisir, je le partage, et je remercie celui qui m’invite à le faire ici, un grand lecteur qui se trouve être un grand auteur…
Plongez donc dans la destinée d’Helena Jans van der Strom, une servante pas comme les autres dans ce siècle d’ombres et de lumières où les femmes n’ont aucun droit. Helena a appris à lire et à écrire en cachette, elle trace des lettres dans la paume de sa main chaque soir avec de l’encre de betterave pour que les mots s’effacent. Les Mots entre mes mains donc.
Arrive un jour au 6 Westermarkt où elle travaille un « Monsieur », français, qui s’enferme dans sa chambre des jours et des nuits pour rédiger un mystérieux manuscrit et faire des tests sur des bougies. Ce Monsieur, c’est Descartes, en exil à Amsterdam et en pleine écriture de son Discours de la méthode. Descartes, le philosophe, pour qui « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée », et qui ne saurait rester insensible à la soif d’apprendre et de liberté de la jeune Helena…
Si je vous dis à présent que cette histoire follement romanesque est avérée ? Que Descartes a bien séjourné au 6 Westermarkt en 1634 et eu une liaison et plus avec Helena Jans van der Strom dont on trouve des traces dans sa correspondance ? Vous avouerez que la révélation de cette page d’histoire méconnue a de quoi intriguer. Ajoutez-y le magnifique portrait de femme en avance sur son temps et l’atmosphère envoûtante des Pays-Bas au siècle d’or, et vous comprendrez que j’ai été complètement emportée par ce premier roman de Guinevere Glasfurd dans la lignée de La Jeune Fille à la perle, absolument conquise par cette héroïne inoubliable, et que je remets à présent en toute confiance ses mots entre vos mains. »

*Les mots entre mes mains, de Guinevere Glasfurd. Éditions Préludes, en librairie depuis le 24 août.