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Interview (avec de l’amour dedans).
Par Dana Philp.

Un petit résumé, s’il te plaît.
Les Quatre saisons de l’été est une histoire d’amours. Avec un s, à amour. Quatre amours d’été. À 15 ans, à 35, 55 et 75 ans. Quatre couples, au même moment, au même endroit, qui se croisent, agissent les uns sur les autres sans forcément le savoir.

L’amour l’été : en quoi est-ce différent que du reste de l’année ?
On a tous un souvenir d’été. Un premier amour. Une tentation. Un regret, parfois. L’été est la saison de l’amour. Des rencontres. Les corps sont dehors, si je puis dire. Ils sont beaux. Bronzés. Soudain si proches. On perçoit leur chaleur. On devine leurs parfums. Il y a une impudeur joyeuse.

Pourquoi quatre histoires d’amour au lieu d’une ?
Je trouvais intéressant, un peu comme dans les quatre saisons d’une vie, d’évoquer un premier amour (15 ans), la nostalgie du premier amour (35 ans), la réinvention de l’amour (55 ans) et ce curieux moment, quand l’amour est soudain derrière nous (75 ans).

C’est quoi l’amour pour toi ?
C’est toi.

Et un manque d’amour ?
Des parents qui vous ont quitté. Une enfance qui ne laisse pas que des beaux souvenirs. Une parole qui vous blesse. Le jour où vous n’êtes plus préféré. C’est tout ce qui vous vide, le manque d’amour, tout ce qui vous affaiblit, tout ce qui dessèche une vie.

Pourquoi passe-t-on nos vies à chercher l’amour ? C’est curieux, non ?
Il me semble que nous avons tous un immense besoin d’exister, une urgence à être utile, unique peut-être ; avoir la certitude que nous ne sommes pas ici, sur terre pour rien ou par accident, et l’amour est la seule chose qui peut combler ce besoin vital (et je ne parle pas uniquement de l’amour conjugal). Cette recherche d’amour dessine un sens à nos vies.

Crois-tu qu’on a un seul grand amour dans la vie, ou plusieurs ?
Tout dépend de ce qu’on entend par grand amour. Et ce qu’on en attend. Je ne sais pas si on en n’a qu’un. En tout cas, il y en a toujours un qui sera plus grand que les autres. Et ce n’est pas forcément le dernier. Pas forcément le premier. Pas forcément celui qui aura duré le plus. C’est autre chose. Peut-être celui qui nous aura rendu profondément humain. Le plus en harmonie avec le monde.

Est-ce qu’il y a une différence entre l’amour et la passion ?
La passion est, à un moment ou un autre, forcément destructrice. L’amour peut l’être aussi ; mais ce n’est pas ce qu’on lui demande. Au contraire. On peut en attendre du calme, de l’amitié.
L’amour peut durer ; c’est de l’eau. Pas la passion, c’est du feu.
Ceci dit, le feu chauffe l’eau.

On fait toujours du mal à ce qu’on aime. Vrai ou faux et pourquoi ?
On fait du mal, si l’autre attend de nous une sorte d’absolu, parce que l’idée d’absolu, donc de perfection, n’est pas humaine ; elle n’est pas possible. Alors ce mal là, c’est la déception ; découvrir que celui qu’on aime n’est finalement qu’humain.
Mais ce sont aussi ces failles d’humain qui en font quelqu’un de profondément aimable, me semble-t-il. On aime comme on peut, du mieux qu’on peut. L’amour est un langage qui s’écrit à chaque phrase. Et parfois, on peut se tromper de mot. On peut blesser. C’est ce qui rend les histoires d’amour qui durent belles – elles se sont accommodées de ces erreurs, elles savent que la perfection, la félicité n’est pas dans l’instant, mais dans la durée, justement.

Si on n’aime pas soi, est-ce qu’on peut aimer l’autre ?
Curieusement, j’ai envie de répondre oui. Parce que je ne suis pas certain qu’ « aimer, c’est vouloir être aimé », comme le professait Sartre. Et puis peut-être que ne pas s’aimer soi, c’est avoir encore plus d’amour pour l’autre.

« Love means never having to say you’re sorry » (Jennifer Cavilleri, Love Story) où « Love means saying you’re sorry every five minutes » (John Lennon). Quelle est la plus juste ?
Bon, après avoir consulté mon Harrap’s, je crois que la première est la plus juste. Simplement parce que je ne la comprends pas (rires) et qu’elle sonne bien. Et, la seconde, malgré le prestige de son auteur, est trop cynique ; l’amour est antithétique du cynisme. Son antidote, même.

Quels sont tes top 3 livres et/où films d’amour ?
Pour les livres : La Comtesse de Cagliostro, de Maurice Leblanc (oui, c’est un Arsène Lupin, mais c’est surtout un roman sur la naissance de l’amour, de la violence de l’amour plutôt, de son incapacité à nourrir une passion sur le long terme). La Femme du boulanger, de Marcel Pagnol, parce qu’affamer un village parce qu’on n’est plus nourri d’amour est un idée géniale. Et Ethan Frome, d’Edith Wharton, parce que l’amour y est une fuite désespérée, un dernier recours.
Pour les films : Un Été 42, du génial Robert Mulligan. The Notebook, de Nick Cassavetes. Et Sweet November, de Pat O’Connor. Oui, c’est vrai, ce sont trois films où l’amour est lié à la mort – une métaphore de ce qui ne dure pas –, et que c’est sans doute ce qui me touche le plus. Allez, un quatrième dans la même veine : le magnifique Madly, Deeply, Truly, d’Anthony Minghella.

Ce livre est à nouveau très diffèrent que les précédents. C’est un parti pris chez toi ?
Je crois. Comme chez un musicien ou un peintre que j’aime, j’attends qu’il garde son ton de voix, mais qu’il me surprenne à chaque fois. Alors j’essaie de surprendre aussi. Je détesterai qu’on dise de mon travail que c’est toujours la même chose.

Remontons un peu dans le temps. Tu a vécu (survécu ?) ta première rentrée littéraire pour On ne voyait que le bonheur. Comment était-ce ?
Imagine cinq cents personnes au départ d’un marathon. Soudain, un juge tire une balle pour lancer la course. Eh bien cette seule balle fait quatre cents morts. Le jour de la rentrée, il ne reste que cent livres environ. Et très vite, au gré des goûts de la presse, des listes de dix, vingt ou trente titres se dessinent, se recoupent souvent, et ce sont ces trente livres qui vont survivre quelques semaines. Jusqu’aux Prix. Et après, il n’en restera que quatre ou cinq, au milieu des livres de Noël : La cuisine enchantée, ou L’histoire de la pipe jurassienne.
Je n’étais pas très chaud pour y aller, mais j’ai décidé de faire confiance à Karina Hocine, mon éditrice. Elle a eu raison. Le livre a trouvé sa place, les lecteurs étaient présents et il a figuré sur la prestigieuse liste du Goncourt, ce qui a été un choc pour certains teigneux mais surtout un formidable encouragement.

Feras-tu une autre rentrée littéraire ?
Je ne sais pas. Cela dépend de tellement de choses. A commencer par un texte « de rentrée ».

Philip Roth dit qu’il n’est jamais aussi heureux depuis qu’il a arrêté d’écrire ! J’ai le sentiment que pour toi c’est plutôt le contraire ?
Roth a écrit plus d’une trentaine d’ouvrages. Je ne pense pas que j’aurais le temps d’aller jusque là. Mais tant que raconter une histoire, tant que rencontrer les lecteurs, tant que le plaisir sera là –et non pas la contrainte, alors oui, je continuerai à être heureux en écrivant.

Merci, Grégoire !
Merci Dana !

 

Les Quatre saisons de l’été, et les trois libraires de Lausanne.
Par Fanny Roturier, Marie-Laure Pauchard et Aurélie Sonnay, de la Librairie Payot, à Lausanne.

«Tout d’abord, un bouquet de fleurs de pommes de terre pour remercier Grégoire Delacourt de ce concentré d’émotions. Des histoires de fleurs et de 14 Juillet mais avant tout des histoires d’amour… Quatre moments de vie, quatre personnages, quatre façons de vivre l’amour. Les Quatre saisons de l’été, c’est la passion, l’espoir, les difficultés, les déceptions, les doutes, le temps qui passe et qui effrite les sentiments, la fougue de la jeunesse, les retrouvailles avec le passé, la réinvention du couple pour le sauver, l’amour au crépuscule de la vie… Vous vouliez offrir des fleurs cet été ? Offrez plutôt le livre de Grégoire Delacourt, le plus beau langage des fleurs et de l’amour».

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Les Quatre saisons de l’été vous emmènent ici. (Prévoyez crèmes solaires et cirés).

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