Mon Père.

Parfois, ce n’est pas dans un magazine, un quotidien, que l’on trouve des mots sur les vôtres, qui vous bouleversent. C’est dans un mail, un matin. Comme ceux-ci, de Dominique Monnoyeur, directeur des affaires culturelles de Villeneuve-sur-Lot.

Madame Figaro, 12 avril 2019. Merci Valérie !
Page des Libraires, n°195, Printemps 2019.
Librairie Le Bateau Livre, à Lille.
Merci à Lorraine Fouchet pour cette photo.
Dans une librairie, à Deauville.
Figaro Littéraire du 7 mars 2019.
Librairie Cook&Book à Bruxelles.
Tout à fait d’accord avec la librairie Alpha B à Saint-Omer.
Mercredi 20 février 2019. Premier jour. Première page.

Dis-nous tout.

Confession reçue par Dana Philp.

En lisant ton nouveau bébé, je sens à la fois une continuité et une rupture. Peux-tu commenter ?
C’est drôle de parler de bébé quand le titre est Mon Père ! La continuité c’est cet univers de la famille, des liens d’amour entre les gens d’une même famille, que je continue d’explorer et continuerai de creuser tant que ce qui doit faire autant de bien – l’amour – peut aussi faire autant de mal. La rupture, c’est que j’ose m’attaquer à un sujet qui, comme le suggère ta question suivante, peut faire peur.

Tu t’attaques à un sujet dur qui peut faire peur aux lecteurs et aux lectrices. Pour quelqu’un qui vend beaucoup de livres, ça ne te fait pas peur justement ?
Je ne pense pas aux lecteurs ni aux lectrices quand j’écris. Sinon, je n’aurais jamais écrit On ne voyait que le bonheur, par exemple, qui parle d’infanticide. Et parce que j’aurais trop peur de devenir complaisant. Je crois que les livres doivent bousculer, cogner parfois, nous parler de sujets que la littérature éclaire autrement. Ainsi Mon Père, qui met en scène l’abus sexuel sur les enfants. Mais qui est surtout une réflexion sur nos vengeances de pères.

J’ai l’impression qu’il y a plusieurs couches de lecture dans ce livre. Au fond, quel est le vrai sujet pour toi ?
Question difficile parce que je n’ai pas encore tout le recul sur mon texte. Il y a le rôle du père dans sa capacité à aimer et à protéger son fils, et qui n’y arrive pas toujours. Celui d’une institution qui doit aimer et protéger ses enfants, et qui ne le fait pas. Il y a le silence surtout, dans mon livre. C’est un livre sur le silence qui emprisonne, étouffe. Le silence de la victime. Le silence de ceux qui savent. C’est le vrai sujet, je crois. Le silence

La Bible est très présente dans ce livre. C’était un parti pris ?
C’était nécessaire, en tout cas. L’une des premières victimes est Isaac, fils d’Abraham, sacrifié par lui. Quand l’ange retient le geste criminel du père, le fils ne parle pas. Il ne parlera jamais de cette tentative de meurtre. Il sera le premier à se réfugier dans le silence. Et puis la Bible c’est, dans un même livre, deux facettes étonnantes de l’humanité. L’Ancien Testament qui est une sorte de Code Civil de l’époque, qui définit les punitions, de façon très strictes. Tu tues ma vache, tu m’en dois cinq (vivantes). Tu commets un adultère, tu seras mis à mort. Et le Nouveau testament, qui préfigure le politiquement correct. Tu as le droit de tout faire à condition que tu demandes pardon. C’est incroyable. Cela pose la question de la punition. De la réparation. Comment punit on l’abuseur d’un enfant ? Comment répare-t-on l’enfant

Pourquoi ce livre maintenant ? Y avait-il une urgence pour toi ?
Il y a urgence dès lors qu’il ne se passe pas une semaine sans qu’une affaire où du mal est fait aux enfants ne sorte et je m’étonne que rien ne soit vraiment fait pour les protéger. Il était donc normal que je mette mes mots au service de ceux à qui on a pris les leurs. Je suis content que François Ozon y voit lui aussi une urgence et sorte un film sur ce même silence, vécu du côté de victimes

En tant qu’auteur de 8 livres (chapeau !), tes motivations, sont-elles les mêmes qu’au début ?
Tant que l’aventure de chaque livre me procurera autant de joie et de vertige à la fois, je poursuivrai l’écriture. Et si, en plus, il continue à toucher les lecteurs, alors c’est vraiment… motivant.

Je trouve ton style d’écriture est de plus en plus beau. Plus essentiel. Comment tu expliques cette évolution ?
C’est super gentil. Merci. Je crois que j’ai de plus en plus envie d’être au cœur des choses. À l’os. Un peu comme le fait la (bonne) poésie. Ceci explique peut-être cela
Je croyais qu’écrire c’était ajouter. En fait, c’est enlever.

L’art a-t-il un rôle ou un devoir à jouer dans notre société ?
L’art doit être un empêcheur de tourner en rond. Il doit montrer, dénoncer, secouer. Il doit inventer le monde, réinventer ce qu’on en voit. Il est la seule alternative au « bonheur conforme » tel que le dénonçait François Brune en 1981. À ce monde contrôlé par les réseaux sociaux qui ordonnent un type d’images. Penser que Facebook censure L’Origine du monde de Courbet est ahurissant. Oui, l’art a un rôle essentiel. Les livres, les peintures, la danse, le théâtre, etc, sont les derniers lieux de liberté et de conscience

Merci.
Merci à toi.

Le service de presse de Mon Père, c’était hier. Une cloque à l’index. Un demi Bic. Deux cafés. 25 cl de Vittel. Quatre fous rires. Une blague foireuse. Belle séance, quoi.

C’est le tout premier exemplaire. Énorme émotion.

En attendant les mots, voici ci-dessous quelques images de Mon Père, mon prochain livre. (Sortie prévue le 20 février 2019).

Librairie Le Failler, Rennes.
À la Fnac de Grenoble.
Librairie Page 5, à Bruz.