Attention spoiler.

NE LISEZ PAS LA QUATRIÈME DE COUVERTURE DU DERNIER ROMAN1 DE MATHIEU MENEGAUX. Elle dit ceci : « Avec ce roman impossible à lâcher, Mathieu Menegaux nous rappelle que les histoires d’amour finissent mal en général ». Pff. Nous voilà bien. On devine que les amants finiront plutôt dans le mur que dans le bonheur. Mais malgré cet avertissement, il y a deux excellentes nouvelles.
Un, c’est qu’on sait depuis longtemps que c’est le voyage, plus que la destination, qui est important 2 (car au fond, combien de fins possibles pour une histoire d’amour ou, en tout cas, combien de fins inédites ?) et là, Mathieu se surpasse avec son fabuleux scalpel en nous traçant une route sinueuse entre enquête de police impossible et dépiautage du cœur des amants – un vrai numéro d’équilibriste littéraire.
Et deux, parce que c’est la « vraie » première histoire d’amour qu’il écrit et qu’elle est sombre. Tragique. Comme le sont les films qui font écho à son travail depuis Je me suis tue 3 (2015), ces vrais films noirs, ces désespérances sublimes, ces histoires qui nous retournaient les tripes, donnaient envie de crier « Non ! » quand les amants s’apprêtaient à se trahir ou à sombrer. (Souvenons-nous du grandiose Voici le temps des assassins, de Duvivier, 1956). Avec Disparaître, c’est un formidable roman qui apparaît. Un genre nouveau. Le thriller d’amour fou. Vertigineux.

1. Disparaître, de Mathieu Menegaux. Éditions Grasset. En librairie le 8 janvier 2020.
2. On dit que c’est Louis Robert Stevenson qui aurait écrit ça. Mais cela aurait tout à fait pu être Confucius. Ou Lao-Tseu. Ou Laurent Gounelle. Ou peut-être Bécassine.
3. Je me suis tue, éditions Grasset (2015) et Points (2017). Prix du premier roman des Journées du Livre.