De la beauté de la brièveté des choses.

Lire au temps du virus. Alors que tout semble s’arrêter, jamais lire n’aura été aussi agréable. On peut voyager partout, sans risque d’attraper une saloperie. On peut étreindre le monde. Se retrouver dans le cœur des hommes. Notamment celui du grand écrivain guatémaltèque.
Voilà Eduardo Halfon sur les traces de son oncle Salomón, mort noyé à l’âge de cinq ans, dans les eaux du lac d’Amatitlán, au Guatemala. Ses traces sont les mots magnifiques qu’il pose dans ce court récit* qui parcourt avec une économie littéraire saisissante la trajectoire de l’enfance à l’adulte, évoque la violence inouïe de l’Histoire et nous quitte avec la fascinante poésie de cette Amérique latine qui nous a donné tant de grands écrivains.
Deuils est un texte envoûtant qui, s’il évoque le destin tragique de quelques enfants sur ce lac de 130 km2, perché à 1186 mètres d’altitude, non loin de Guatelama City, parle surtout de naissances.
Et si l’on écoute bien, de la nôtre.

*Deuils, de Eduardo Halfon. Au Livre de Poche depuis le 15 janvier 2020. Prix du Meilleur Livre étranger Sofitel 2018. Sélection Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2020.