On est toujours sérieux quand on a dix-sept ans.

La première fois que j’ai rencontré Eric Fottorino, c’était à l’hôtel Amour, dans le neuvième – notre cantine. Il était assis sur la banquette de molesquine rouge, en train d’écrire sur son ordinateur et il souriait en coin car, à la table d’à-côté (celle qui fait l’angle sous la petite bibliothèque), je répondais aux questions que me posait Christelle Massin (France 3 Nord) sur La femme qui ne vieillissait pas.
Plus tard, lorsqu’elle et son cameraman sont partis, je suis resté un peu avec Eric – deux chiens inconnus l’un à l’autre et qui semblent se reconnaître. Je lui ai demandé ce qu’il écrivait et il m’a répondu, un livre sur ma mère. Il s’appelle Dix-sept ans*. C’est l’âge où elle m’a eu. Je travaille la fin du livre, mon éditeur l’attend. C’est important, la fin, dit-il. Surtout quand elle signe le début, ajouterai-je aujourd’hui que j’ai fini la lecture de ce récit empoignant, ce portrait inoubliable de femme au cœur émietté, évanoui dans le cœur d’hommes envolés, ce portrait de fils aussi, qui retourne à Nice sur les traces de cette jeune fille de dix-sept ans, à l’aube de sa naissance, à l’aube de leur naissance. Un livre qui rappelle à quel point l’encre des mots est le sang de l’amour.

*Dix-sept ans, de Éric Fottorino. Éditions Gallimard. En librairie depuis le 16 août 2018. A figuré sur la sélection du Goncourt 2018.