Archive | octobre, 2014

Le Grand Méchant Loup.

Trévidic

Voilà un livre formidable. Un texte brillant et drôle qui nous raconte la naissance du PMJ (Petit Méchant Juge) sous le bon et judicieux François Ier, ses affres à travers la grande Histoire, ses victoires, ses défaites, jusqu’à, récemment, un certain « ancien président qui voulait le redevenir » (espérons que nous aurons la mémoire longue) et qui voulait sa peau, purement et simplement, selon le principe qu’un Juge mort ne fouille pas dans les poubelles du scandale. Marc Trévidic a la plume vive, pleine d’esprit et d’humour ; sa fable, fille de Voltaire et La Fontaine, nous entraîne là où nous ne sommes pas les bienvenus, nous les Petits Cochons – même pendant les Journées du Patrimoine : au cœur du Château et de cette caste qui, décidément, vit dans un monde sans nous. Marianne, reviens !

Qui a peur du Petit Méchant Juge ?, de Marc Trévidic, éditions Lattès. En librairie.

Toujours debout.

Chalendon

Il y a un an, Sorj avait le cœur qui battait plus vite. Il était sur la dernière liste du Prix Goncourt  – il ne l’aura pas (c’est Pierre Lemaître) mais obtiendra le Prix Goncourt des Lycéens, trois semaines plus tard, pour son magnifique, son immense roman.
L’histoire folle et belle d’un homme qui rêve de monter l’Antigone d’Anouilh à Beyrouth. De prendre à chaque camp un fils, une fille, un ami, un frère, et de les faire se rassembler sur scène (en parlant de scène, oubliez la Comédie Française, imaginez plutôt, comme lieu de théâtre, un jardin bombardé, des gravats assassins, une cour sans rires). De faire oublier la guerre, pendant deux heures.
L’histoire de cet homme qui meurt à l’aube de son rêve, et, à l’agonie, en confie la réalisation à un lointain ami ; un français, petit théâtreux de faubourg. Nous sommes en 1982. Le théâtreux va partir. Et il va nous embarquer dans l’une des plus belles histoires d’humanité.

Le quatrième mur, de Sorj Chalandon, éditions Grasset et Livre de Poche.

À bout de souffle.

Je me souviens de L’Enfant de bohème, un formidable recueil de nouvelles. Et de son rôle de l’inspecteur Vidal dans  À bout de souffle de Jean-Luc Godard. Une belle mélancolie, ce monsieur Boulanger.

28 oct 14 photo

Pas mal.

26 oct 14 photo

Comme un coquillage, approchez ce livre de votre oreille. Vous entendrez des cœurs qui battent et se battent, une mitraille de 1936 ; des mots qui s’entrechoquent, du langage sans filet, du vocabulaire d’utopies, des mots d’amour qui n’en parlent pas ; vous entendrez des sons nouveaux, sortes de boutures d’espagnol et de français ; la voix de Georges Bernanos, son indignation contre la guerre civile espagnole, et surtout contre l’immense silence approbateur de l’Église ; vous entendrez une parole de lumière, une parole de ténèbres ; vous entendrez un très grand livre, une musique de guerre et de paix ; une Salvayre, comme un opéra jubilatoire.
Pas pleurer, de Lydie Salvayre, éditions du Seuil. En librairie. Et Prix Goncourt 2014 depuis le 5 novembre.

L’envie pas écrite.

 

Sur la liste de mes envies, je n’aurais jamais osé écrire que le livre devienne une pièce de théâtre, qu’elle serait à ce point extraordinaire (bravo à Salomé Lelouch, Anne Bouvier et Mikaël Chirinian*), et qu’elle connaîtrait une troisième saison. Et pourtant.

18 oct 14 photo

 

 

 

 

Retour vers le futur.

Enfin, je retrouve l’Angst (et même le das Wovor der Angst) d’Heiddeger et l’angoisse de Sartre, qui me rappellent ces si beaux concepts de nos années estudiantines ; il nous faisaient débattre et nous battre et veiller jusqu’à l’aube, à Lille, à l’Étoile de Tunis, avec du Sidi Brahim (14,5%vol, quand même), en réinventant le monde, et surtout en essayant de nous y écrire une place. Catherine Monnet nous apporte enfin les réponses que nous cherchions alors dans l’impétuosité de nos dix-huit ans ; nous offre la clé. Celle de la reconnaissance de soi, cette première naissance philosophique au monde ; nos premiers pas vers le respect de soi, celui des autres et surtout l’Anerkanntsein (être reconnu) d’Hegel qui fait de chacun de nous une personne unique. Ouf.

17 oct 14 photo

La Reconnaissance –La clé de l’identité, Catherine Monnet, éditions L’Harmattan, déjà en librairie.

Invité #14. Édouard Moradpour.

Édouard Moradpour fut ce qu’on a appelé un Fils de Pub ; à ceci près qu’il eut l’élégance de ne pas porter de Rolex (ou alors seulement chez lui). Il naquit à la réclame à l’époque où l’on avait son nom sur la porte et un jour la claqua, pour retourner à Moscou (il est, il est vrai, fils d’une mère russe ayant immigré après la révolution soviétique), mais y retourner avant la chute du Mur (ce qui prouve que tous les publicitaires ne sont pas des planqués) et décida, là-bas, dans ce pays où il n’y avait rien (à part quelques Lada et beaucoup de KGB) d’inventer la publicité. En Russie, Édouard ne devint pas PPP (le Petit Père du Peuple), mais PP (le Père de la Publicité). Il croisa le succès, quelques femmes et certains chagrins. Lorsqu’il revint, vingt ans plus tard, il se mit à écrire un livre à vif, touchant (même si le mot est éculé) : La Compagne de Russie (éd. Michalon, 20121). Nous nous sommes découverts à la faveur de nos « reconversions ». J’ai rencontré un homme d’une grande finesse, un bel auteur en train d’éclore. Vivement son troisième roman, prévu en mars 2015 – au titre magnifique, mais je le laisserais vous le dévoiler lui-même.
Je lui ai demandé de nous présenter l’un de ses coups de cœur. Le voici.

12 oct 14. photo

« J’ai découvert Didier van Cauwelaert, il y a quelques années, avec un de ses premiers romans, « Cheyenne ». L’héroïne de son roman m’avait littéralement bouleversé, car j’avais croisé également une jeune femme avec ce même destin tragique.Lorsque je tombe sous le charme d’un écrivain, j’achète tous ses romans, en commençant par le premier et en finissant par le dernier. Et je les lis dans l’ordre chronologique. C’est ce qui s’est passé avec Didier van Cauwelaert. Et je suis tombé sous le charme de son dernier roman, « Le principe de Pauline », comme la première fois. Ce que j’aime et qui me touche dans ce roman tendre et romantique, comme dans tous les romans de Didier van Cauwelaert, c’est l’originalité et la subtilité du personnage féminin, Pauline. En fait, dans la plupart des romans de van Cauwelaert, bien que le narrateur soit un homme, le personnage central est toujours une femme délicate, mais hors-norme, qui nous touche profondément. Ici, c’est Pauline, qui installe une étonnante relation triangulaire amour-amitié avec deux hommes. J’ai retrouvé avec cette héroïne dont on ne peut que tomber amoureux toute la tendresse que j’avais goutée avec « L’éducation d’une fée », « La demi-pensionnaire », « La femme de nos rêves » et beaucoup de ses livres. Un vrai « coup de cœur ». Au sens propre. »

1 Suivra, en 2013, Le Mausolée, toujours chez Michalon.

Dargent, une parole en or.

10 oct 14

J’aurais du apporter des fleurs, d’Alma Brami, au Mercure de France. 154 pages de lâchetés, de douces cruautés et finalement, sur l’apprentissage de la tendresse de soi.