En 0,38 seconde, Google donne 448.000 résultats pour Paul Vacca. Il est sur Twitter, sur Facebook, mais n’a pas (encore) sa notice Wikipedia. Dommage. On y aurait appris que, outre être un scénariste efficace (La Torpille, Du côté de chez Marcel), un brillant essayiste (Hyper, ton univers impitoyable –Ed. Alternatives, et La Société du Hold-Up –Ed. Mille et une nuits), un romancier délicat (La Petite cloche au son grêle, et Nueva Königsberg –Ed. Philippe Rey), Paul est type élégant (on le trouve souvent sous un chapeau), et discret (il se cache derrière de grosses lunettes) ; qu’il aime la vie, tous les bons livres (et moi tous les siens).
En attendant son prochain roman au titre jouissif : Comment Thomas Leclerc, 10 ans 3 mois et 4 jours est devenu Tom L’Éclair et a sauvé le monde le 2 avril chez Belfond, je lui ai demandé de nous présenter l’un de ses coups de cœur. Le voici.

Légende de la photo: Flore et Prix de Flore.
Un kaléidoscope de sentiments.
Comment le naufrage annoncé d’un amour peut-il être si palpitant ? Comment une histoire* si sombre peut-elle donner naissance à un récit si lumineux ? Tour à tour tranche de vie ultra contemporaine (avec des SMS, des messages électroniques, des copies de lettres, de petits mots…), « roman-photo » dans la veine de Sophie Calle, traité scientifique ironique (avec des tableaux et des schémas qui pastichent les help books), traité moral au style ciselé qui rappelle celui des moralistes du XVIIe ou flash-backs romanesques au parfum des films italiens ou de Claude Sautet, ce roman est un kaléidoscope de sentiments : drôle, très drôle parfois, léger et vif, mais aussi doucement mélancolique, sombre et poignant. L’amour y est vécu comme un Art de la guerre. Mais un Art de la guerre perdue d’avance. Car il faut laisser les belles histoires d’amour aux gens sans imagination. Pour autant, ce roman dispersé – éclaté comme une exposition à cœur ouvert – possède une parfaite unité. Par la grâce du style de Monica Sabolo, la voix de la narratrice oscille en permanence entre la distance ironique et l’intime à fleur de peau créant un espace romanesque inédit. Alors, le naufrage d’un amour se transforme sous nos yeux en une magnifique rédemption artistique.
Et une fois le livre refermé, on reste suspendu au charme de ce roman, comme cette libellule sur la main de la petite Monica qui clôt l’ouvrage.
*Tout cela n’a rien à voir avec moi, de Monica Sabolo, aux Editions Lattès. Ce roman a reçu le Prix de Flore 2013. À noter, le livre est sorti chez Pocket ce mois-ci dans une édition particulièrement soignée.