Archive | mai, 2025

Sans soleil mais avec brio (1/2).

Revoici Grangé, furieux, alerte, en marathonien-sprinteur, qui nous déroule les années 80 à Paris, le milieu homosexuel avec un catalogue à la Manufrance d’antan de toutes ses pratiques — des plus charmantes aux plus… poussées —, le disco, les corps huilés, pailletés, léchés, dévorés, l’arrivée du « cancer gay » et, comme si cela ne suffisait pas à nourrir le brillant romancier qu’il est, un criminel à la machette qui s’amuse à découper très violemment et très sanguinolament ces pauvres garçons à l’article de la mort. 
Voilà pour le décor, et pour l’intrigue.
Mais là où le gaillard excelle, c’est dans ces couples (ici un trio) d’enquêteurs improbables : un flic, beau comme un dieu, qui se paluche devant Brigitte Lahaie, un toubib beau comme un dieu à qui on aurait cassé la gueule et ne goûte à la jouissance qu’avec les peaux de ténèbres, et une gamine de dix-huit ans aussi belle que brillante et aussi brillante que filoute, car on le sait depuis longtemps, c’est la qualité des chasseurs qui fait toute la beauté de la chasse.
Disco inferno* est la première partie (420 pages) de ce Sans soleil* qui brûle absolument tout sur son passage. 
Mais malgré le mal on en redemande et je vais sous peu me carboniser avec la suite.

*Sans Soleil, tome 1, Disco inferno, de Jean-Christophe Grangé, aux éditions Albin Michel, en librairie depuis le 15 janvier 2025.

Vendredi 13, samedi 14 et dimanche 15 juin 2025.

De retour à Vannes et ce n’est pas une blague.
J’adore ce salon, j’aime vous y retrouver. Toutes les infos pratiques ici.

La chair des autres.

On pourrait bien sûr s’interroger sur le sérieux ou l’opportunisme d’un livre écrit en à peine trois mois, le procès de Dominique Pelicot et de 51 autre personnes, dit « le procès des viols de Mazan » s’achevant le 19 décembre 2014 et La chair des autres*, le livre qu’en a fait Claire Berest, paraissant fin avril 2025. 
Ce serait oublier que Claire a l’écriture et le regard qui viennent de loin. Une écriture puisée à l’encre d’Hannah Arendt, de Joë Bousquet, de Simone Weil, de Jean-Bernard Pontalis, une écriture bénie, puissante, implacable. Et un regard sur le peuple du monde, lointainement ancré, dans un train de nuit, lorsqu’elle avait six ans et vit cet homme la regarder, comme un matou une petite viande, avant qu’il vienne s’allonger auprès d’elle sur la couchette — et puis, le vide. 
L’abîme.
L’image alors manque.
Dans La chair des autres, ce ne sont pas les images qui manquent. Au contraire. Elles sont là. Dégueulées. Dégueulantes. Tout comme les mots vomis pendant quatre mois dans la petite salle Voltaire du tribunal d’Avignon. 
Ce sont ces images et ces mots que Claire, dans son très beau texte, passe au tamis des quelques philosophes et écrivains qu’elle convoque pour tenter d’en comprendre le mal, mais surtout à son talent magnifiquement compassionnel d’écrivain.
Car il faut en être un sacré, d’écrivain, pour débusquer le mal dans qui se prétend normal.

*La chair des autres, de Claire Berest, aux éditions Albin Michel. En librairie le 2 mai 2025.

Mardi 3 juin 2025.

Soirée à Antony cette fois, aimable sous-préfecture, dans la très jolie médiathèque Anne Fontaine, du nom, je suppose, de celle qui réalisa, entre autres « Les histoires d’amour finissent mal en général », ce qu’on pourrait aussi appliquer à la vie. Comme à celle de mon petit frère, par exemple.
20 heures. Médiathèque Anne Fontaine, 20 rue Maurice Labrousse, 92160 Antony.

 

Vendredi 30 mai, samedi 31 mai et dimanche 1er juin 2025.

Les acteurs sont partis. Les Formule 1 se sont tues. C’est au tour des auteurs d’entrer en scène sur la Côte d’Azur dans ce salon que j’aime tant et où je suis ravi, chaque année, de me choper un méchant coup de soleil sur les avants-bras et le pif et surtout, de vous retrouver. Tout le beau programme ici.
Vendredi, samedi et dimanche, 10-19 heures. Jardin Albert 1er, 06000 Nice. Entrée libre.

Où l’on retrouve le type à la célèbre moustache en brosse à dents.

À la fin du jubilatoire film de Lelouch, L’Aventure c’est l’aventure (1972), nos cinq malfrats (Ventura, Brel, Denner, Maccione et Gérard) évoquent leurs prochains projets de kidnapping, à savoir : Nixon, Mao, Dali, Pelé, Arlette Cordon, Onassis, Favre-Le-Bret, Bessy, etc, et je n’ai pas pu ne pas y repenser en lisant la nouvelle comédie de Romain Puértolas, Ma vie sans moustache*, en me disant qu’il dénichait là un véritable filon — qu’il nomme « roman-quête » — et que, après la traque foutraque et réjouissante de Dupont de Ligonnès, aujourd’hui celle de Hitler, il possédait là un nombre incalculable de livres à écrire sur de célèbres disparus qui n’auraient pas tout à fait disparus et se terreraient ici ou là, sous une apparence ou une autre. Suggérons-lui Jésus Christ, Romain Gary et Alain Barrière, pour n’en citer que quelques-uns.
En tout cas, avec ce second opus farceur, Romain-le-roublard nous entraîne dans une enquête poilante, « aussi sérieuse qu’ubuesque » précise même la quatrième, et surtout, surtout, il parvient à nous mener par le bout du nez 295 pages durant, alors qu’on n’y croit pas une seconde, allez, pas une seconde sur deux ; et il est là son tour de force, elle est là sa jouissive malice, sa magie : nous donner envie de nous faire avoir… jusqu’au bout. 

*Ma vie sans moustache, de Romain Puértolas, aux éditions Albin Michel. En librairie depuis le 30 avril 2025.

Mardi 20 mai 2025.

Le Nord. J’y suis, j’y reste. Après les corons, Le Havre — la Ville dont le maire rêve d’être un Président, dans la magnifique librairie La Galerne. On y parlera de fraternité, de littérature, d’absence et de retrouvailles. D’amour donc. Bien mieux que de politique.

18 heures. Librairie La Galerie, 148 Rue Victor Hugo, 76600 Le Havre.