Author Archive | Grégoire Delacourt

Invitée #7. Audrey Petit-Rousseau.

À côté d’Audrey, Samantha Stephens (Ma Sorcière bien aimée) c’est de la petite bière. Bouger le bout de son nez, ouvrir la porte d’un placard sans la toucher, faire un gâteau les mains dans les poches et épouser un publicitaire, c’est assez tartignole. Une vraie sorcière est capable, elle, de choses bien plus extraordinaires. De dénicher par exemple, parmi les 1500 livres qu’elle reçoit chaque année, les 235 qu’elle publiera. D’aimer chacun d’eux, comme elle a aimé Yellow Birds de Kewin Powers (le premier roman qu’elle publia au Livre de Poche). D’être toujours disponible pour ses auteurs. D’avoir pour eux le temps qu’elle n’a pas pour elle. De leur offrir les mots qui les font grandir. Et de pouvoir de partager avec l’un d’eux, s’il le faut, un bol de lait chaud avec la « peau », bien qu’elle abhorre la « peau » du lait chaud. Je suis fier qu’Audrey soit mon éditrice au Livre de Poche. Fier d’avoir, grâce à elle, rejoint la maison de Prévert, Fournier, Hislop, Olmi, Giono, Guenassia et mille autres. Je lui ai demandé quel était l’un de ses récents coups de cœur. Le voici.

12 jun 14

« J’ai découvert ce formidable récit de voyage* sur les conseils d’un autre écrivain-voyageur. Trois cents pages intenses à travers le Congo actuel mais aussi sur les pas du missionnaire David Livingstone, au plus près de sa folie, de sa détermination. Deux histoires parallèles qui s’entremêlent, se font écho, servent d’écrin à une incroyable histoire d’amour. Pourquoi part-on ? Pour revenir ? Pour aller à la rencontre de l’autre, ailleurs ? Ou pour goûter un peu de ce formidable vertige qui compose la vraie liberté ? Dans un style à la fois riche et simple, Guillaume Jan nous embarque dans sa quête. On en ressort plus fort, émerveillé d’avoir essayé d’attraper, le temps d’un livre, un peu de l’ivresse du voyage, de cette troublante nostalgie qui nous fait regretter une époque que l’on n’a pas connue, un peu de cette passion, enfin, qui anime l’écrivain-voyageur. »

*Traîne-Savane (Vingt jours avec David Livingstone) de Guillaume Jan. Editions Intervalles, paru le 24 avril 2014.

Dans Sophie Simon, il y a Simon.

Je me souviens de ma première rencontre avec Sophie. Elle présentait son livre aux représentants (qui allaient devoir à leur tour le présenter aux libraires, avec cent autres). Je lui avais alors demandé si elle était contente de son texte et elle avait souri (ce qu’elle n’a pas de plus vilain). Puis, elle m’avait simplement répondu oui. Oui. C’était un oui modeste. Un oui du cœur. Un oui peureux encore. Un oui de maman qui ouvre les bras et laisse son petit partir, pour la première fois. Elle avait raison. Gary tout seul est un formidable roman – américain – d’hommes (le côté Simon, de Sophie sans doute). Un roman sur l’amitié. Sur la peur d’être un homme justement. Un roman sur les parents qui disparaissent, reviennent, se collent, vous bouffent. Un roman sur l’envie de plaire, de réussir, jusqu’à en payer le prix fort, jusqu’à revenir enfin au prix juste. L’estime de soi. La reconnaissance de l’autre.

6 jun 14

Editions JC Lattès. En librairie et ailleurs depuis avril 2014.

Laisse partir ceux qu’on aime.

Avec son chapeau, Paul Vacca est très chic. Il habite un coin chic où il a Sorj Chalandon pour très chic voisin. On imagine leurs discussions chics, dans leurs jardins ensoleillés, dès le printemps : merde fais gaffe, les saucisses crament ; quelqu’un a-t-il pensé au rosé, putain ! parce qu’au-delà de ce qu’on imagine, Paul et Sorj sont d’efficaces bons vivants (on ne peut d’ailleurs pas aussi bien écrire si on n’aime pas la vie). Bref. J’ai rencontré Paul parce qu’il venait de rencontrer L’Ecrivain de la famille. Il fut le premier auteur à m’écrire ce qu’il en pensait, et depuis, nous nous lisons avec bonheur.
Quand j’ai découvert La Petite cloche au son grêle, son premier roman, mes rares poils sur les bras se sont hérissés. J’ai eu soudain froid et chaud et les baisers de ma mère m’ont atrocement manqué et les rires et la vie et tout ce qu’on aime parce tout ce qu’on aime s’en va un jour. Paul a écrit une magnifique histoire d’enfance, de madeleines, d’élégantes cicatrices qui portent si bien leurs noms.
Et pour rester fidèle à sa réputation chic, « La Petite cloche » a obtenu le très chic Prix du Cercle Littéraire Proustien de Cabourg-Balbec.

1 jun 14

Le Livre de Poche. Disponible depuis mai 2013. Merci en passant à Carine Fannius.
De Paul Vacca également : Nueva Königsberg (Philippe Rey, 2009) et La Société du hold-up (Mille et une nuits, 2012).

Ah, Mireille (s).

Je connais trois Mireille. Darc. Mathieu. Et Calmel. La première, inoubliable dans cette robe noire dont l’échancrure dans le dos, révélait deux fesses pommelées, accueillantes. La deuxième, dont la frange immuable plaisait (surtout au Japon) ainsi que son histoire triste de « mes très nombreux frères et sœurs que je m’occupe ». Et la troisième avec ses mots, ses livres à succès et son immense gentillesse.
J’ai rencontré Mireille Calmel au salon du Livre de Nice il y a deux ans et l’incroyable dévotion de ses lecteurs m’a donné envie de découvrir ses histoires. Le Bal des Louves (tome 1 et 2, oui). Lady Pirate (tome 1 et 2, oui, oui ; au fait, fais-toi du mouron, Angélique). Et il m’est apparu qu’au-delà de l’aspect roman historique, Mireille sondait les douleurs des femmes. Explorait leurs failles. Découvrait leurs forces. Et nous en livrait quelques unes, écorchées et inoubliables.
La voilà aujourd’hui qui nous présente sa Marquise de Sade. Un épatant roman (historique) épistolaire sur le désir, l’amour et le cul ; avec des jardins, des buissons, des boutons ; avec une immense euphorie qui me laisse penser que Mireille n’a pas fini de nous régaler.

29 May 14

Mireille Darc. Le grand blond avec une chaussure noire (1972). Réal : Yves  Robert.
Mireille Mathieu. Disque d’or (1973). Polydor.
Mireille Calmel. La Marquise de Sade (2014). Editions XO. Par contre, pour « la bogue de châtaigne aux épines coupées court et enveloppée de cire », je crains que vous ne deviez la réaliser vous-même. Prix Coeur de France 2015.

Après Jocelyne, Jeanine.

Voici enfin La Première chose qu’on regarde au Livre de Poche (merci au passage à toute l’équipe pour la très joyeuse couverture) ; une histoire d’amour qui parle aussi de cinéma, c’est-à-dire d’illusions, de trucages, d’apparences. Donc de nous.

28 may 14

Invité #6. François Kermoal.

François Kermoal est journaliste. Mais c’est surtout une sorte de grand timide. Ou de vrai modeste. Il a écrit pendant des années, chaque semaine, un éditorial brillant sur le monde (curieux) de la pub dans Stratégies dont il était rédacteur en chef. Puis il s’est attaqué à faire de L’Entreprise un mensuel moderne (sans porter un T-shirt rayé blanc et bleu). Et il y est parvenu, juste au moment où les entreprises devinrent malaimées (à partir du 6 mai 2012 environ). François écrit mieux que bien ; un jour il fera un livre, ou réalisera un film. Il hésite encore. Il croit à Internet, à la technologie, au digital, et certains soirs, quand on discute de ce monde-là (merci le petit Ventoux), il me trouve ringard. Je lui ai demandé de nous présenter l’un des ses coups de cœur.

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« Que ferions-nous si nous pouvions changer le passé ? En profiterions-nous pour (nous) inventer une autre histoire, un autre destin? Quand Elias Ein, un septuagénaire un peu fatigué par la vie, débarque à Braunau pour y couler une retraite paisible, il ne se doute pas que la maison qu’il vient d’acquérir dans ce bourg autrichien paumé renferme un trésor : une bibliothèque qui sert d’écrin à toutes les vies du monde. Le Livre secret va faire basculer la sienne, au propre et au figuré. Ce premier roman haletant de Gregory Samak, écrit comme une conte, est aussi une belle histoire littéraire. Le livre a d’abord été auto-édité par son auteur dans une version numérique pour Kindle. Les commentaires élogieux de ses premiers lecteurs ont persuadé Flammarion Versilio de l’imprimer sur papier. Pour de vrai. »