Célèbre, rêve-t-elle d’elle.

Il y a des livres que l’on rêve d’aimer, que l’on ouvre avec une immense espérance — ce fut le cas de celui-ci*. À peine entre mes mains, j’en lus aussitôt les formidables deux premières pages puis le refermai, faute de temps, et surtout en me disant que je le savourerai plus tard. Au calme. Dans le bonheur des mots.
Mais voilà. Outre ses fantastiques pages 11 et 12, son écriture virevoltante et souvent habile, Célèbre est le bien trop long bavardage d’une certaine Cléo Louvent qui nous raconte comment elle voulait et est devenue une chanteuse célèbre. Elle nous déroule tous les clichés possibles et inimaginables pour se transformer en une sorte de produit à la Beyoncé ou à la Swift, célébrité confondante, brillance de surface, peau de paillettes et cheveux de vent, loin, bien loin des célébrités enracinées d’une Dalida, d’une Piaf, ou encore d’une Françoise Hardy ; on est ici dans le leurre de l’époque, dans le pathétique, la vanité, la vulgarité. (J’ai essayé d’y lire entre les lignes l’histoire de l’avènement de Maud Ventura elle-même en écrivain célèbre suite au succès de son épatant premier roman, Mon mari, mais je crois que c’est une impasse : on n’écrit pas des livres sincères pour être célèbre).
« Les pires moments de mon parcours, les moments les plus sombres, ce sont lorsque la célébrité et ses excès sont entrés dans ma vie », dit l’actrice Angelina Jolie.
Aussi, à celles et ceux qui chercheraient une lecture sur ce thème fascinant de la célébrité, au sens de réussite sociale, d’élévation, de statut et de chute, forcément, je ne pourrais que conseiller la (re)lecture de l’époustouflant Chez les heureux du monde** d’Edith Wharton. Une immense et magnifique claque littéraire.

*Célèbre, de Maud Ventura, aux éditions L’Iconoclaste. En librairie depuis le 22 août 2024.
**Chez les heureux du monde, de Edith Wharton, aux éditions Plon-Nourrit, 1908, régulièrement réédité depuis.