
On dira ce qu’on voudra de la gentillesse, que c’est ringard, bourgeois, obsolète, en tout cas elle anime de fort jolis romans comme celui-ci — D’une beauté sauvage*, le nouveau Christian Signol.
Sur un plateau du Limousin, entre neige et printemps, matins brouillardeux et nuits d’encre, des éleveurs font face aux loups. Les premiers défendent leurs troupeaux qui assurent leur survie, les seconds attaquent les troupeaux qui assurent leur survie. Mais voilà, il faut retrouver un équilibre naturel, se défaire des passions convenues, des peurs anciennes pour permettre à chacun d’avoir sa place et, ici, la gentillesse de Signol fait merveille.
Et voici qu’à cause du contexte tourmenté et de mon effarement devant le tragique spectacle de nos politiciens, je ne peux pas ne pas soupçonner dans cette fable signolesque un coup de griffe à notre société mutilée, coupée en deux, incapable de considérer l’autre autrement qu’en ennemi. Des loups ou des hommes, il n’y a pas à choisir. Il y a à commencer par s’écouter. Se respecter, même si, pour certains, c’est bien difficile.
*D’une beauté sauvage, de Christian Signol, aux éditions Albin Michel. En librairie depuis le 17 septembre 2025.