Maison. Téléphone maison.

Avec leur collection « Retour chez soi », Amélie Cordonnier et Stéphanie Kalfon ont eu l’idée de faire retourner un écrivain sur un des lieux de son enfance et après la fille de qui retourna au 11 quai de Branly, c’est au tour du brillant Thomas B. Reverdy de retourner au 6 avenue Georges V dans la salle de danse où virevoltait sa mère. 
Et cette nuit-là, passée dans ce lieu de tant de tant — tant de souvenirs, tant d’émotions, tant de gestes, tant de parfums, tant d’émerveillements — Thomas retrouve et nous raconte sa mère, ce milieu artiste des années 80 ; on y croise Lifar, Petit, Barrault-Renaud et tant d’autres ; on y voit se déployer, comme un grand temps levé parfait, le corps de cette mère qui cherche à voler jusqu’à atteindre son âme, et puis un jour la chute ; l’envie d’une autre vie, les pieds cette fois rivés au sol, un homme plus jeune et avec lui un enfant sur le tard : Thomas lui-même.
Mais le plus touchant encore dans ce texte vif et doux à la fois — et je regrette un peu que cela n’ait pas été davantage sillonné —, c’est qu’alors qu’il écrit ce livre, Thomas change lui aussi de vie, s’élève et s’arrime ailleurs, à un autre corps, une autre promesse, car c’est souvent dans ces bifurcations, dans tous ces indicibles, que s’écrivent les plus beaux textes.

*6 avenue Georges V, de Thomas B. Reverdy, aux éditions Flammarion, coll Retour chez soi. En librairie depuis le 29 janvier 2025.