Orfèvre en la matière.

Jean-Noël Pancrazi, styliste, orfèvre en la matière des mots, nous en « dentellise » merveilleusement* une floppée pour nous présenter sa sœur Isabelle, sa beauté, son chagrin. Isabelle meurt, le cancer la dévore. Isabelle rit et retient son frère de tomber dans la boue de la mélancolie et d’un curieux mal. Isabelle est immortelle à chaque page. 
C’est cette ballade de deux épuisés, le frère et la sœur, de deux enfances algériennes, que nous tisse Jean-Noël, comme on regarde un vieil album de photographies et que l’on se souvient des tempêtes et des miracles, des aubes de lumières et des nuits de cendres. Il y a dans cet envoûtant Quand s’arrêtent les larmes une douceur crue, une violente pudeur à révéler ces liens fraternels, ces invisibles qui soutiennent l’autre en sachant que l’abîme à chaque pas s’agrandit. Et dévore. 
Et, même si c’est en évoquant le personnage de Driss — mais on devine qu’il est aussi le jumeau de l’auteur —, Jean-Noël écrit, page 110 : « Tout, pour lui, avait un cœur, les murs, le ciel, les gens, la terre, la nuit ». C’est son cœur et celui d’Isabelle qu’il nous confie désormais.

*Quand s’arrêtent les larmes, de Jean-Noël Pancrazi, aux éditions Gallimard. En librairie depuis le 13 mars 2025.