Cartoline Tiné, écrivain rare — 5 livres en 35 ans —, revient avec un roman* aux allures de récit autour de l’écrasante figure du père. Le gaillard tient désormais dans une urne et Victoire, double romanesque de Caroline, s’en retourne en Algérie, aux racines de l’histoire familiale et surtout paternelle, pour y disperser les cendres. C’est l’occasion littéraire d’un retour aux sources, d’un voyage en forme de thérapie, de retrouvailles avec l’homme qui milita pour l’indépendance de l’Algérie avant de devoir la fuir et qui, à la fin de sa vie demanda à sa fille d’écrire le livre de son histoire. « Elle n’écrira pas le livre de son père, ce livre qui n’est pas le sien », écrit-elle page 279, et c’est là toute l’habile pirouette du livre : écrire un livre qu’on n’écrit pas. C’est là aussi le lieu de tous les doutes de Caroline. Écrire ou ne pas écrire. Ce qui rend ce Pas de larmes assez émouvant et, partant, presque crépusculaire.

*Pas de larmes, de Caroline Tiné. Éditions Albin Michel. En librairie depuis le 26 mars 2025.