Sir Alfred Hitchcock et M. Night Shyamalan ont une fille.

Sidonie. Dont voici le premier roman, La fille au pair*, « un suspens psychologique oppressant » nous précise la quatrième de couverture, qui conte les déboires d’une jeune bretonne partie à Londres, dans le très chic et fermé quartier de Hidden Grove, pour s’y occuper des deux rejetons parfaits d’un couple parfait. En apparence. Car, tout comme chez les deux grands cinéastes de la tension oppressante, les choses ne sont jamais comme elles semblent l’être et la perfection y est souvent un grossier écran de fumée. On ici est à la fois dans Le Village et The Servant, de Night Shyamalan, L’invasion des profanateurs de sépultures, la version de Philip Kaufman et Rebecca, celui de Sir Alfred, à savoir dans des mondes où tout peut basculer en une nanoseconde. Sidonie Bonnec reprend à son compte les bonnes vieilles recettes des Maîtres et nous les assaisonne à sa façon, avec un art évident de l’intrigue, un vrai talent de romancière qui jubile à nous balader de page en page, le tout rehaussé ici et là de quelques pointes d’émotions qui font de son cruel plat un plaisir coupable. Et c’est là l’un des grands mérites de cette cuisine : n’être pas à la mode pour être déjà indémodable.

*La fille au pair, de Sidonie Bonnec, aux éditions Albin Michel. En librairie depuis le 26 février 2025.