
Voici un livre* rondement mené, écriture gracieuse, efficace, fluide, avec ici et là quelques pépites, comme, page 158 : « (…) je suis reparti vers la gare avec la voix d’Anaïs qui me ramenait à nous tandis que je m’éloignais d’elle », ou, page 184 : « (…) l’écriture est une maladie qui est son seul remède ».
Didier, jeune écrivain talentueux, se voit retourner par Gallimard son manuscrit refusé, mais voici que chez l’éditeur quelqu’un s’est trompé, et lui renvoie le manuscrit d’une autre. Il le lit. Se trouble au contact de cette histoire. Fantasme un peu sur son héroïne et, conséquemment, son auteure. Décide alors de traverser la France à bord de sa vieille Cox pour le lui rendre. Et là, sur place, il tombe dans le livre. Comprend tout. Le mari. La souffrance. Le meurtre à venir.
Mais chut, n’en dévoilons pas davantage, la découverte est jouissive.
Au-delà de l’histoire épatante de cette Impasse des rêves, on découvre les débuts du jeune van Cauwelaert, sa furieuse envie d’écriture depuis ses 8 ans, jusqu’au triomphe de son Goncourt à 34 ans, jusqu’à cette histoire vieille de quarante-trois ans qu’il s’était interdit de raconter jusqu’ici et qui vaut sa brillante découverte.
*L’impasse des rêves, de Didier van Cauwelaert, aux éditions Albin Michel. En librairie depuis le 10 septembre 2015.