Jussi s’amuse.

Jussi

Retour du Kindle à la faveur d’un voyage de trois jours en Italie (Rome et Milan) pour le lancement italien des Quatre Saisons de l’été. Rencontres passionnantes, interviews joyeuses et profondes à la fois, et quelques secondi piatti inoubliables. Bref des avions, un train, du temps. Et certains bouquins sont lourds et encombrants. Donc :
J’ai lu les cinq précédents épisodes du département V – le célèbre département imaginé par Jussi Adler Olsen – spécialisé dans les cold cases. Histoires en béton, rythme impeccable, satire d’un certain Danemark, et surtout trois personnages formidables, Carl Mørck, Assad et Rose.
Promesse1, le sixième épisode, tient toutes ses promesses (facile, je sais, mais tellement tentant) : histoire en béton, rythme impeccable, satire d’un certain Danemark. Mais cette fois, Jussi s’amuse. Avec son enquête (une jeune fille écrasée par une auto, retrouvée dans un arbre, la fille, pas l’auto, hum, hum), avec une secte d’un ridicule épatant, mais surtout, avec ses personnages. À croire que le temps passé avec eux lui autorise enfin une certaine impudeur joyeuse, des égarements touchants, des considérations brillantes. Car au fond, on s’en fout toujours un peu du cœur d’une histoire policière – la fin est si souvent décevant ou tellement énorme. Mais ce qui nous plait, nous enchante, ce sont les doutes, les souffrances, les petitesses des héros. Tout d’un coup, ils nous ressemblent. Tout d’un coup, on est proche d’eux. Tout d’un coup, on pourrait être l’un d’eux.
Avec Promesse, plus qu’un thriller brillant, Jussi nous offre des humanités magnifiques, aussi belles en leur temps que celles d’un Matt Scudder chez Lawrence Block2, ou d’un Hieronymus Bosch chez Michael Connelly3 (jusqu’à Créance de Sang en tout cas, parce qu’après…).

1. Promesse, de Jussi Adler Olsen. Éditions Albin Michel. En librairie depuis janvier 2016.
2. À lire d’urgence : Une danse aux abattoirs, Éditions Folio.
3. Commencez par Le poète, Éditions Points.