Archive | janvier, 2016

La fin du chemin*.

Je me souviens que ma mère avait trouvé osées les paroles de Pour un flirt. Plus tard, quand il a chanté Les Divorcés, elle a pleuré. Ce matin, ils chantent ensemble.

*Les paroles, ici.

Les Assassins (Le retour).

Ellory

J’ai rencontré R.J (pour Roger Jon) à l’aéroport de Genève où nous nous rendions au Livre sur les Quais, à Morges. Garçon doux, discret, petite barbe de la couleur d’une bonne George Killian’s, le voisin parfait en somme, à qui l’on confierait volontiers les clés de sa voiture, un crayon, un couteau de cuisine. Le problème, c’est ce qu’il en fait. Avec Les Assassins*, il signe l’un des plus beaux thrillers sur les grands assassins américains, une course-poursuite dans les scènes de crimes terrifiantes, une balade au pays des cerveaux malades, des marteaux qui écrabouillent les visages angéliques, des calibres .35 qui déciment une famille, papa, maman, les quatre enfants. On pensera bien sûr, au hasard de certains chapitres, au glacial De Sang Froid** de Capote. R.J a écrit avec une élégante efficacité cinq cents pages ébouriffantes, et portraituré quelques personnages finalement extrêmement émouvants, coincés qu’ils sont entre l’écœurement de ce dont ils sont témoins et l’impuissance à remettre le monde sur les rails –méchant cocktail qui les prive de cette petite chose à laquelle on rêve tous. Une vie. Vous savez, ce truc qu’on traverse avec quelqu’un qu’on aime, quelques amis, et où la couleur rouge n’évoque pas du sang mais les lèvres d’une femme qui vous envoie un baiser. Bref, un Toulon-Paris à trois cents à l’heure. (Allez, je referme le Kindle). Bon début d’année.

*Les Assassins, R.J.Ellory. Éditions Sonatine. En librairie depuis août 2015.
**De Sang Froid, Truman Capote. Éditions Folio.

Fatal Attraction (L’aller).

SJ Watson

(Kindle, le retour. La faute à un Paris-Toulon AR dans la journée, décidé à la dernière minute). Je n’avais pas lu Avant d’aller dormir*, juste vu le film de Joffé (Rowan, pas Roland) avec Nicole Kidman et Colin Firth, une intrigue formidablement ficelée à partir de l’amnésie d’une femme qui, chaque matin, se réveille sans plus savoir où elle est, qui est le type dans son lit, ce qu’elle fait là. Bref. Quelques affiches dans les gares m’ont donné envie de découvrir le nouveau thriller de ce S.J. Watson, anglais, né en 1971 (veinard), Une autre vie*. Ça fait un peu Douglas Kennedy** comme titre, mais rappelons-nous les brillant « L’homme qui voulait vivre sa vie » et « Les Désarrois de Ned Allen » dudit canadien. Bref encore. Une autre vie, c’est « Fatal Attraction » (film d’Adrian Lyne) et c’est cette fois, la femme qui est harcelée. C’est rapide et efficace, bondissant et rebondissant. Une histoire vieille comme le monde, de tentation, de désir, de chambre d’hôtel, de culpabilité (une bonne résolution pour 2016 : relire tout Hadley Chase !) ; c’est probablement déjà en train d’être adapté pour le cinéma, c’est un Paris-Toulon qu’on ne voit pas défiler même si la fin est un peu « poildecutée » comme on disait de mon temps dans la réclame –ce qui semble malheureusement être le cas de la plupart des thrillers depuis Coben et quelques autres, mais n’enlève rien au plaisir d’un voyage en train.

*Avant d’aller dormir et Une autre vie, de S.J. Watson, éditions Sonatine.
** Tout Kennedy, à part Cul de Sac, a été publié chez Belfond et Pocket.