Archive | mars, 2023

La vraie vie, hi, hi.

Je n’ai pas fait attention. Je pensais lire un roman*, et pas n’importe lequel puisqu’il est censément le second de l’auteur de La Vraie vie, succès mémorable, petit monde germanopratin émoustillé devant cette ravissante belge blonde sortie de nulle part, éditeurs en pâmoison qui tentent de se l’approprier, et voilà que j’ai finalement eu affaire à un recueil de nouvelles, mais qu’importe : une quinzaine de portraits de gens qui ont pour point commun d’être, à un moment donné, à une station-service. Il y a l’histoire d’une petite fille violée par un dauphin. Celle d’un cheval qui tue l’homme qui lui a tiré dessus. Celle d’une esthéticienne spécialiste en épilation intégrale qui se fait fouiller par un couple de gynécologues et ne trouvera la jouissance qu’une fois son vagin plein de miasmes et autres MST. Celle d’un queutard qui bande mou. D’une femme qui tue son mari sans que l’on sache vraiment pourquoi et balade son cadavre** à l’arrière de son Hummer diesel. La vraie vie, quoi. On peut alors prendre le livre pour du grand n’importe quoi, « du ni fait ni à faire » a même tranché une journaliste à la radio, elle-même écrivain. Ou se dire qu’il y a là une tentative de secouer le cocotier de la littérature proprette, germanopratine justement, en portraiturant le sordide, le dégueu, le beauf et cherchant à choquer le bourgeois tout en essayant de le faire sourire. Eh bien moi, qu’est-ce que voulez, j’aime les gens qui secouent les cocotiers.

*Kérozène, d’Adeline Dieudonné. Aux éditions L’Iconoclaste En librairie depuis le 1er avril 2021 (ah, la bonne blague, tout comme la faute d’orthographe dans le seul mot du titre — ceci dit, on peut aussi appeler ça une licence poétique).
** Idée qui préside à l’histoire de son prochain roman, Reste, publié par L’Iconoclaste. En librairie le 6 avril 2023.

8 Mars. Journée des femmes et d’une mère.

L’Enfant réparé arrive aujourd’hui en librairie dans son ultime édition au Livre de Poche, augmentée d’une postface qui est l’épilogue tragique du livre. Sortir le jour de la Journée des Femmes est un formidable hommage à ma mère qui fut l’une des clés les plus importantes de cette réparation.

Samedi 1 et dimanche 2 avril 2023.

De retour à Bruxelles enfin, où j’ai passé tant de belles années. Au programme du samedi, une rencontre particulière avec Adeline Dieudonné (16 heures) puis dédicaces sur le stand Dilibel (17-19 h). Et de nouveau le lendemain, de 14 à 16h.
Foire du Livre de Bruxelles, Tour et Taxis, 1000 Bruxelles.

« Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux… ».

Pas de livre cette fois-ci mais un texte*. Un texte pour le théâtre. Un texte hanté de beauté et de violence, d’obscurité et d’envol.
Ève a dix-huit ans. Voilà plus de dix ans qu’elle a été kidnappée par Frank. Emprisonnée dans sa maison. Menottée lorsqu’il s’absente. Devenue esclave, oiseau englué, mazoutée de mépris, déshumanisée comme l’était le Schmürz de Vian.  
Des viols répétés, un enfant est né. 
Frank apporte un Baby-Phone pour qu’Ève puisse entendre l’enfant enfermé dans sa chambre.
Un jour, sur la longueur d’onde de l’appareil, une voix se fait entendre de l’extérieur…
Pierre Tré-Hardy nous offre un texte remarquable sur la folie des hommes. Sur tout ce que l’on peut voir les yeux fermés. Un texte au scalpel. Un incision parfaite. Qui libère nos grâces d’oiseaux enfermés en nous-mêmes. 
C’est rare.
Tellement précieux.

Et comme un bonheur dit-on ne vient jamais seul, voilà que ce texte magnifique offre à Sara Giraudeau le Molière de la Meilleure actrice 2023 — Théâtre privé. Chapeau.

*Le syndrome de l’oiseau, de Pierre Tré-Hardy. La pièce a été créée au théâtre du Rond-Point à Paris en janvier 2023, avec Sara Giraudeau dans le rôle d’Êve — quelle bonne idée —, Renaud Meyer celui de Frank. Et la voix de Denis Podalydès.