Bref rapport sur le rapport chinois.

Un été dans la Poche (3/5). Selon le bon vieux Larousse, hilarant se définit ainsi : Qui provoque des éclats de rire. Voici donc un livre qui a déclenché des éclats de rire chez au moins un journaliste du Monde, et je suppose qu’il a dû rire du même rire qui éclatait parfois avec les films de Jean Yanne car il y a assurément du Jean Yanne chez Pierre Darkanian : le Yanne de Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, voire Les Chinois à Paris. Le rapport chinois* est un bon gros premier roman, plus absurde qu’hilarant, puisqu’il raconte la vie d’un certain Tugdual Laugier recruté à prix d’or par un bien curieux cabinet de conseil où il ne croise jamais personne sauf un hurluberlu, et qui se voit, après trois ans d’inactivité totale, chargé de rédiger un rapport pour un fumeux client chinois, rapport dans lequel il explique sur 1084 pages que pour accroître davantage l’économie chinoise, celle-ci doit réinventer la baguette en France en s’appuyant sur ces trois piliers : faire aussi bon, beaucoup moins cher et en vendre beaucoup plus. Fumisterie ? Génie ? Satire du monde le finance ? Le rapport divise. Mais là où l’on retrouve ce bon vieux Jean, c’est dans l’art consommé de la dérision de Darkanian, son côté Kafka chez Les Pieds Nickelés ou Wodehouse chez Louis de Funès et, sans éclater de rire, ce roman fort réjouissant vous fera sourire plus d’une fois — sourire, activité grandement indispensable en cet été pas drôle pour un sou.

*Le Rapport Chinois, de Pierre Darkanian. Au Livre de Poche depuis le 3 mai 2023.