
À propos de lui-même, il écrit sur sa quatrième de couverture : « Jean-Marie Bénard est un écrivain débutant de 78 ans. Vous achetez donc ce livre à vos risques et périls ». Ce qu’il oublie de préciser, c’est que l’écriture n’a pas d’âge et que le style ment divinement mieux qu’une chirurgie esthétique car Californie, etc* est un livre — un ensemble d’histoires plus exactement — d’une énergie, d’une vitalité et d’un esprit virevoltant qui tiennent davantage d’un sale gamin de 20 ans que d’un monsieur d’âge respectable.
Il faudrait presque lire ce livre à l’envers et commencer par l’avant-dernière histoire, celle où le Jean-Marie de 15 ans annonce à son père qu’il veut être écrivain et que celui-ci lui balance à la tronche : « Si tu avais du génie, ça se saurait ». (On apprendra que le père avait eu les mêmes velléités et qu’elles furent brisées par son propre père). Alors, à 19 ans, Jean-Marie partira à L.A., fera quatre ans d’études à UCLA pour devenir cinéaste, y rencontrera quelques monstres (et les histoires à leur propos valent leur pesant de cacahuètes), puis rentrera à Paris, la seule bobine de son chef-d’œuvre sous le bras, mais voilà qu’elle brûlera dans l’incendie de Publicis en 1972. À 25 ans, il ne lui reste rien de sa vie que des cendres.
Elle sont là, la beauté, la puissance fragile de ce livre : finir par réussir ce qu’on a raté. Puis le raconter avec jubilation et devenir, presque malgré soi, un très bon écrivain et un grand conteur. À 78 balais.
*Californie, etc. Histoires. De Jean-Marie-Bénard. Publié par lui-même, histoire de ne pas se faire emmerder et parce que si on n’a pas 20 ans, qu’on n’est pas blonde, qu’on n’a pas connu la violence des mâles, on a du mal à attirer l’attention d’un éditeur. Disponible entre autres sur Amazon.






