
Non, ce Berlioz-là n’est ni le compositeur de la Symphonie fantastique et d’un poignant Te Deum ni le facétieux chaton gris, fils de Duchesse, dans les Aristochats, mais bien le nom d’une cité où a grandi Younes, le « personnage principal » de cette histoire* — et si je n’écris pas « héros » c’est parce qu’il ne triomphe de rien, ainsi qu’on définit un héros, même si anti-héroïsme en fait sans doute sa très grande force. Bref.
Nous sommes dans les années 90, Younes sort de quelques mois de prison pour s’être bastonné un flic. Il fait alors partie des expérimentations du bracelet électronique, a le droit (et doit) de travailler dans la journée, mais être rentré au bercail le soir.
Il retrouve son boulot de coursier à Panam’Express, et il est là, le théâtre magnifique de ce livre : la dramaturgie humaine de ces cavaliers mécaniques qui, sous la pluie, le verglas, la canicule, fendent le temps pour apporter des plis à des gens toujours plus pressés, gonflés d’importance, tout comme la minuscule grandeur de ces chevaliers modernes qui chutent parfois, meurent parfois, sont saisissantes de crudité et partant, de beauté.
Quitter Berlioz est un très beau roman sur l’amitié, la vraie, la rugueuse, l’oubliée, à la façon de celle d’un Fouquet et d’un Quentin chez Blondin, et sur la douceur des frimas de l’amour, toute sa délicate pudeur. Un texte qu’on ne quitte pas, lui.
*Quitter Berlioz, d’Emmanuel Flesch. Aux éditions Calmann-Lévy. En librairie depuis le 20 août 2025.







