« C’est pour mieux te manger, mon enfant. »

Une jeune femme, écrivain en l’occurrence, découvre un jour que l’une de ses cousines a été assassinée trente ans plus tôt à Annemasse. Elle se prénommait Sophie et elle avait neuf ans. Mais personne de sa famille, au grand jamais, ne lui avait parlé de ce crime — un silence qui dès lors légitime tous les doutes, les interrogations, la méfiance. Cette jeune femme, c’est Héloïse. Héloïse Guay de Bellissen, que j’ai eu la joie de rencontrer à la Fête du Livre de Hyères en mai dernier. J’ai découvert une femme sensible, entière, intègre. Nous déjeunions tranquillement lorsqu’elle m’a raconté cette histoire. Son histoire, finalement. Elle en a fait ce livre, Dans le ventre du loup*. Elle en a fait un conte cruel, un conte sanglant, un conte brillant. Court chapitre après court chapitre, elle retourne au lieu du crime, aux lieux des silences ; elle se retourne sur la petite cousine assassinée par Gilles de Vallière, dit Le monstre d’Annemasse et nous trace, d’une plume exceptionnelle, le parcours de ces deux enfants devenus victime pour l’un, coupable pour l’autre. C’est le Petit chaperon rouge revisité à l’encre carmin d’un terrible fait divers. Un livre passionnant, tragique, flamboyant.

*Dans le ventre du loup, de Héloïse Guay de Bellissen, aux éditions Flammarion. En librairie depuis le 7 février 2018.