De quoi 2021 est-il fait ? Il y a dix ans, Olivier Mony nous régalait avec Du beau monde*, une galerie chic de personnages chics, crayonnés d’une plume élégamment circonvolutionnée, dégageant à l’arrivée du point final, la douce nostalgie d’un art de vivre perdu. Le revoici avec ce petit livre** (143 pages) au long titre, Ceux qui n’avaient pas trouvé place, qui fait étrangement écho au précédent tant il semble que le personnage dont nous il nous brosse le mélancolique portrait, ce Serge Elbouki, devenu Diala, devenu 17 autres patronymes et autant de personnages, n’aurait probablement pas trouvé sa place dans Du beau monde.
Et pour cause. Serge est un voyou. Mais magnifique, comme on en croisait dans le cinéma et la littérature des audacieuses années 60/70, escogriffe, menteur, charmeur, capable de disparaître au milieu d’une phrase puis de réapparaître dix ans plus tard sous une autre vie. On pensera bien sûr à l’inoubliable Alain (sublime Maurice Ronet) du feu Follet de Drieu, et ce n’est pas un petit compliment.
Mais ce n’est pas tant le portrait du bonhomme qui fascine que la façon dont Olivier Mony le croque avec son écriture désenchantée, son passé simple, son plus-que-parfait, ses longues phrases envoûtantes, tout comme son mignon péché du name dropping. Il semble nous rappeler à quel point l’invention de nos vies lui manque. Nous prévenir du danger des bonheurs conformes. Et nous crier : Vivons, on n’a pas le temps !
*Du beau monde, de Olivier Mony, éditions Le Festin, coll. Les cahiers de l’éveilleur, 2011.
**Ceux qui n’avaient pas trouvé place, éditions Grasset. En librairie le 13 janvier 2021.