De toute beauté.

De quoi 2021 est-il fait ? De poésie, soudain. De poésie, enfin. Voici Le Neveu d’Anchise, 31ème livre de Maryline Desbiolles (mais où ai-je vécu ces trente dernières années pour n’en avoir jamais lu un seul ?), 136 pages de vent, de chair, d’enfance, d’arrière-pays et d’abeilles. Je ne sais pas de quoi ce roman est l’histoire. Je m’en fous un peu, à la vérité. Sans doute parle-t-il de l’enfance, du désir, du corps, de la trompette et de Chet Baker, du visage parfait d’Adel qui tisonne le cœur et le ventre d’Aubin, le neveu qui nous raconte ce chant des champs, des poubelles et des chiens effrayants. Desbiolles (qui a obtenu le Prix Femina en 1999 pour Anchise, l’oncle du neveu de ce livre, Anchise qui s’est réellement consumé d’amour en se brûlant dans sa voiture), écrit comme on n’ose plus, comme on en rêve, comme doivent être les livres qui sont plus grands que la vie, la saupoudrent d’un sel essentiel, extrêmement délicat, celui qu’on ne trouve que sur une joue après la larme d’un authentique chagrin. La poésie est ce qui nous sauvera.

*Le neveu d’Anchise, de Maryline Desbiolles. Éditions du Seuil, coll. « Fiction & Cie ». En librairie depuis le 7 janvier 2021.