Frank Piazzolla.

Dans le Buenos Aires des années noires, années du Proceso de Reorganización Nacional, une avocate, militante des droits humains, se fait buter d’une balle en plein cœur, alors qu’elle se promène avec sa fille, Lola, sept ans. 
Convaincu que sa fille et lui sont les prochains sur la liste, son père décide alors de fuir en France. Les voilà débarquant dans la Bassin d’Arcachon.
Nous sommes en 1982. Ici, Philippe Lavil chante Il tape sur des bambous pendant qu’en Argentine, on tape sur la gueule de tout ce qui l’ouvre.
Et c’est sur fond de cette période d’une incroyable violence que Frank nous revient avec un très beau livre*, plein de fureur, de sang, de chair et d’amour, tel une entêtante partition de tango, un Piazzolla majeur, une danse de vie et de mort, de désir et de pleurs. 
Les Silences de Buenos Aires tient à la fois du roman de guerre et du roman d’amour, de la sauvagerie et de la douceur— et sans doute faut-il que tant de sang ruisselle dans la poussière des rues d’un pays pour qu’on laisse enfin celui d’un cœur pur qui bat irriguer le cœur du monde et y apporter un peu de paix. 
Les livres ne sauvent aujourd’hui hélas plus le monde, mais assurément celui-ci peut, pour un instant encore, nous le rendre plus beau. Alors merci.

*Les Silences de Buenos Aires, de Frank Andriat, aux éditions F. Deville, collection Œuvre au rouge. En librairie depuis le 15 octobre 2024.