La mère est une grammaire.

Voici le sixième roman de Kossi Efoui nous apprend la quatrième de couverture après avoir, quelques lignes plus haut, évoqué un récit bouleversant, Une magie ordinaire, mais on ne va pas pinailler sur fait d’appeler roman un récit même si l’un concerne la vérité et l’autre la réalité. Ceci dit, il est amusant de noter l’usage du même adjectif commun en deux titres parus à quelques semaines d’intervalle (voir chronique ci-dessous), comme si l’époque tentait le triomphe du banal à défaut de flamboyances. Ceci étant, Une magie ordinaire est un bouleversant récit sur la naissance d’un écrivain à cause la mort d’une mère tant aimée, lointaine et sacrifiée ; le récit d’une entrée dans la langue du colonisateur français, « J’avais pris conscience de la subtilité redoutable avec laquelle la violence sait aussi parler langue d’amour » (page 124) ; un livre important en ceci que le fils devient la chair du manque, l’ombre de l’autre, la ressemblance troublante, « Plus je vieillis, plus je ressemble à ma mère «  (page 86). 
Ici, l’homme devient la femme perdue.
La langue devient la mère.
Dans un français parfumé aux saveurs de l’Afrique, Efoui nous offre un texte où la poésie est une sève et l’émerveillement une grammaire et cela qui est magique;

*Une magie ordinaire, de Kossi Efoui. Éditions du Seuil. En librairie depuis le 3 mars 2023.