Le mélo de Sophie.

Voici qu’après l’inceste, le mariage consanguin, l’homosexualité masculine, la virtuose plume de Sophie se fend d’un nouveau genre. Le mélo. 
J’ai demandé à Gemini la définition du mélo et voici ce qu’il m’a répondu (en 0,00000001 seconde) : « Dans le langage courant, « mélo » est souvent utilisé comme une abréviation de « mélodrame ». Il désigne alors un drame caractérisé par des intrigues sentimentales exagérées, des rebondissements spectaculaires et des émotions fortes. Les mélos sont souvent associés à des histoires d’amour passionnées, de trahisons, de sacrifices et de fins heureuses ou tragiques. » 
C’est ici* exactement cela. Vous voilà prévenus. 
Sophie nous raconte donc l’histoire de Colette qui s’en retourne dans son Morvan natal auprès de sa mère mourante et c’est là, dans cet espace incertain entre la vie et la mort, les regrets et les remords, les haines et les amours, les désirs et les répugnances, les mensonges et les fausses vérités, qu’elle va dénouer le drame qui eut lieu un soir d’été 1969 — cet été-là, souvenez-vous, Jean-François Michaël chantait Adieu jolie Candy et Barry Ryan, Éloïse, et si c’est moins chantant chez Sophie, c’est, chez elle, beaucoup, beaucoup mieux écrit.
Et il est là, l’immense talent de ce Secret des mères : parvenir à nous narrer un mélo mais dans un style d’une grande beauté, une écriture qui résiste à l’histoire, au temps, pour s’emparer de nous comme un parfum, comme une grâce, et ne plus nous lâcher.
C’est rare. Cela s’appelle la littérature.

*Le secret des mères, de Sophie de Baere, aux éditions JC Lattès. En librairie le 5 février 2025.