Les mères ne meurent pas. Elles changent d’allure.

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Du pays où l’espagnol, dit-on, sera un jour davantage parlé que l’anglais, il était temps que je lise un roman…espagnol.
L’été est là. Bien là. Vent chaud, doux. 78°F. Ici, à Menemsha (Massachussets), comme à Cadaquès, des bateaux partent, emportent des familles, écrivent des souvenirs salés ; le soir les enfants rentrent épuisés, s’effondrent dans les hamacs ; la nuit, certaines mères sortent, flânent, partagent leur corps.
Dans son roman* qui fit l’événement à la Foire de Francfort l’an passé, Milena Busquets raconte l’été d’un deuil.
Sa mère vient de mourir, alors Blanca quitte Barcelone pour Cadaquès où elle invite cet été-là, tous ceux qu’elle aime, et qui sont encore vivants –enfants, ex-maris, amants. Elle fume des clopes, des joints, elle boit, elle fait l’amour dehors, dedans, debout ; à la mort, elle préfère l’élégance de la vie, la danse de la vie. Elle raconte cet été qui doit la libérer d’elle, laisser cette mère si importante partir. Mais ses bras ne s’ouvrent pas. Contrairement au titre du livre, qui provient d’un conte, tout ne passe pas. L’amour, celui-ci en tout cas, ne passera jamais. Alors, au gré de ces journées catalanes brûlantes, entre les rires et les souvenirs, dans les ruelles chaudes, les plages tièdes, les fêtes interminables, Blanca lui parle. Blanca se souvient. Et, sans le savoir, Blanca écrit la plus belle lettre d’amour qu’on puisse imaginer à sa mère. Qui, finalement, est toujours là. Autrement.

*Ça aussi, ça passera, Milena Busquets. Éditions Gallimard, collection « Du monde entier ». En librairie depuis le 4 mai 2015 et en… Kindle.