Les plus petits font les plus grands voyages.

En une grosse poignée de pages, écrites comme on dit « à hauteur d’enfant », Rachid Benzine (dont j’avais ici loué son merveilleux précédent roman Dans les yeux du ciel), nous raconte l’histoire tragiquement simple, désespérément sans échappatoire d’un petit garçon, Fabien, qui quitte Sarcelles, son école Jacques-Prévert et part en voyage avec ses parents à Raqqah. Le voilà qui se prénomme désormais Farid. Qu’il appartient aux lionceaux du Califat. Que de sa mère il ne voit plus que les yeux. Et qu’autour de lui ne résonnent que des paroles de haine, des épines, lui qui aime tant la poésie. Son père part au djihad. Revient. Repart. Ne revient plus. De toutes façons plus personne ne revient d’un tel voyage. Rien de bien ne vient plus. Rien ne vit plus. Ne restent que les mots de l’enfant poète mais le cœur des hommes est définitivement sourd.

*Voyage au bout de l’enfance, de Rachid Benzine. Éditions du Seuil. En librairie depuis le 7 janvier 2022. 80 pages. (On pardonnera le « rejoingnent » de la quatrième de couv en se disant que la période est difficile, même pour les correcteurs).