Les murs ont des yeux.

Robotham.

Lectures à la plage. À l’heure où sont publiés les chiffres des cambriolages en France – un toutes les deux minutes –, il est assez terrifiant de lire le dernier Robotham*, d’imaginer que n’importe qui peut aisément entrer chez vous, s’y installer, vous observer. On pensera, sur ce thème de l’intrus, à l’absolument formidable Nagasaki d’Éric Faye et au glaçant Méchant Garçon de Jack Vance (deux livres à lire impérativement) et on savourera avec bonheur et effroi cette nouvelle version qui met en scène le héros récurrent de Robotham, Joe O’Loughlin, psychologue atteint de la maladie de Parkinson, sur les traces d’une certaine Marnie. Marnie, justement. On se souviendra avec émotion de celle de Sir Alfred, et je soupçonne le prénom de celle-ci en hommage à celle-là, en hommage à ces personnalités troubles, déchirées et déchirantes, fascinantes et répulsives que le cinéaste excellait à filmer et que Robotham parfait à dépeindre. Car il y a chez Michael Robotham (et je le suis avec plaisir depuis longtemps) cette fascination pour ces caractères à l’ancienne, enfants du roman noir des années cinquante, juste avant l’avènement de James Hadley Chase et de ses histoires où la mécanique l’emportait sur la psychologie (exception faite de Pas d’Orchidée pour Miss Blandish qui mettait en scène un effroyable syndrome de Stockholm), ces personnages qui se consument sans qu’il soit besoin d’y mettre le feu. Dans Épiée, on retrouve tous les ingrédients terrifiants du cinéma d’Hitchcock, les cas les plus surprenants du bon Dr. Freud, et toujours un esprit anglo-saxon incomparable. Au-delà d’une intrigue au poil que je ne vous spoilerai pas, voici un livre impossible à lâcher avant la fin, aussi, si vous le lisez à la plage, méfiez-vous des coups de soleil.

*Épiée, de Michael Robotham. Éditions JC Lattès. En librairie depuis le 10 mais 2017.
PS. Dans une semaine commence le grand bal de la Rentrée Littéraire…