On pourrait croire que c’est une histoire simple.

Julien, photographe parisien, retourne à Argelès-sur-Mer, dans les Pyrénées orientales, où l’on peut observer des libellules, des lézards ocellés, des hêtraies et des chênaies mais aussi ses retrouvailles avec cette plage d’enfance et surtout celles avec sa vieille mère. Mystérieuse vieille mère, amoureuse du souvenir de son mari brigand disparu et désirée par son vieux voisin, photographe lui aussi, — tiens, tiens ; bref, une histoire (faussement) simple comme les aimait Sautet, du vent du sud, du sable qui pique les yeux, on pourrait d’ailleurs croire que ce sont des larmes, des adieux qui s’éternisent, une mère qui part, une nuit qui tombe. Mais ce qui est absolument troublant dans ce roman* d’un autre âge, ai-je envie d’écrire, c’est justement ce parfum sentimental suranné, la délicatesse des sentiments chez ce Julien de 45 ans, en train de tomber amoureux d’une comédienne et qui passe par toute la palette des émotions adolescentes, comme s’il voulait ne pas grandir, juste rester un fils, presqu’un enfant, tandis que meurt sa mère. Me revenaient à la lecture ces films des jeunes années Trintignant, Philipe, Ronet et autres éternels amoureux, et c’est dans cette nostalgie que le livre d’Éric Genetet s’avère le plus captivant.

*On pourrait croire que ce sont des larmes, de Éric Genetet, aux éditions Héloïse d’Ormesson. En librairie depuis le 27 janvier 2022.