Roman(tique).

Un été rue des Saints-Pères (4/9). Le titre annonce la couleur. La chromie de la couverture, la douceur de vivre. Et les deux silhouettes au loin, les pieds dans l’eau, l’amour. C’est oublier le curieux et discret sous-titre en page 5 : N’obéir à personne, pas même à la réalité. Ainsi donc, on devine que ces jours heureux sont davantage une promesse qu’une réalité et c’est là l’immense romantisme du nouveau roman d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre : nous faire penser au bonheur dans les jours de malheur. 
Voici donc l’histoire d’Oscar, fils de, en vérité du couple « le plus célèbre du cinéma », un temps amant de la maîtresse de son père, amoureux d’une autre qui au début ne l’attire pas (on pense à l’Aurélien d’Aragon), scénariste et tutti quanti, qui nous raconte une bonne partie de sa vie d’adulte, entre femmes brillantes, hommes désenchantés, monde clinquant, films engagés, amours contrariées, amitiés bancales, désir du désir, etc. 
Les Jours Heureux peut faire penser à un journal, avec ses états d’âme et ses petites espérances, sans les niaiseries adolescentes. À un film de Lelouch, à l’époque de ses grands crus, un peu d’Un homme et une femme, beaucoup des Uns et les autres. À la tragédie des amants du Lutetia. À un de ces sacrés bons romans, épais, à la bonne main, qu’on emporte dans un train, sur une plage, dans le calme d’une nuit qui s’annonce et avec lequel on sait qu’on passera un formidable moment. Car c’est aussi cela, la littérature. Une évasion sans fracas.

*Les jours heureux. D’Adélaïde de Clermont-Tonnerre. Chez Grasset, éditeur sis rue des Saints-Pères à Paris. En libraire depuis le 5 mai 2021.