San Perdido mais avec brio*.

Il y a longtemps que je voulais lire ce livre** dont les libraires me disaient à sa parution beaucoup de bien, eh bien c’est chose faite.
Voici un texte à ranger du côté des sud-américains, Sepúlveda, Márquez, Llosa, non seulement à cause de son décor, le San Perdido du titre, Panama, mais à cause de la moiteur, de la sensualité, de ces grappes de gamins qui vivent à la lisière de la décharge à ciel ouvert, à cause d’un enfant noir aux yeux bleus et à la force herculéenne, des mythes qui se créent à l’aube et se défont la nuit, à cause des prostituées sublimes, des clients gras, à cause des Gouverneurs véreux et de ceux qui veulent être gouverneurs à la place du gouverneur, à cause de la magie, du sacré, des Terres volées aux Cimarrons, des légendes qui effraient, des crimes et du désir permanent, désir poisseux, à cause de ces récits hallucinées et hantés qui fabriquent des héros pour rendre supportable les vies de misère et éloigne les envies d’immolation : l’espoir. Un minerai rare en ces temps sombres.

* Pardonnez-moi pour ce faible jeu de mots, mais comme le disait le scorpion dans son histoire avec le ragondin : « Je n’ai pas pu résister ».
**San Perdido, de David Zuckerman. Éditions Calmann-Lévy, en librairie depuis le 2 janvier 2019 et au Livre de Poche depuis le 11 mars 2020.