Un homme et une femme (sans chabadabada).

Elle se fait appeler Sa Majesté. Elle le fait Roi d’Australie. Une sorte de princesse et son bouffon qui, sur Terre, poursuivent une mission divine. En gros remettre le monde en ordre. Et les voilà qui parcourent les routes pendant vingt ans, de fermes en fermes, vivant de la générosité locale et de leurs fabulations. Un jour, Sa Majesté explique au Roi d’Australie qu’un retour en arrière est possible pour que tout se remette réellement en ordre. Que ce retour doit passer par un sacrifice. 
Ce sera celui du petit Antonin Crémault, dix ans, 42 coups de couteau.
Sa Majesté, c’est Noëlla Hégo, le Roi d’Australie Stéphane Moitoiret. Ils seront condamnés, elle à cinq ans de prison, lui à trente ans avec une peine de sûreté de vingt. Car tout cela, bien sûr, est une histoire vraie sinon l’immense chroniqueur judicaire et surtout brillant écrivain qu’est Stéphane Durand-Souffland, n’aurait pas pris la plume. Et quelle plume ! Qui cisaille la folie, creuse, remue, bouscule et s’enfonce dans le terrible brouillard de la responsabilité pénale. Un fou peut-il être responsable ? La folie est-elle une excuse ? C’est là, outre le fait divers sublimé par l’art romanesque, le talent troublant et absolu de ce livre.

*Mission divine, de Stéphane Durand-Souffland. Éditions L’Iconoclaste. En librairie depuis le 6 mai 2021.