Son père.

Voici un livre de beautés et de douleurs délivrées par un fils qui retrouve la mémoire perdue de son père ; une mémoire viciée depuis un drame survenu en 1972, dont l’état empire en 2019, dans la chambre 219, précisément, de la clinique Bizet, où le père oublie soudain les dates, bientôt les visages, tous les parfums. Voici donc un magnifique récit-roman sur la mémoire, celle d’un homme de ce peuple d’Irak, muselé, surveillé, torturé ; sur l’exil ; sur la chute de ce pays qui inventa l’écriture. La mémoire vivante d’un père qu’un fils veut faire perdurer, remonter à la lumière du monde pour l’écrire mieux, pour éclairer la suite, peut-être même changer le regard sur ces hommes flous que l’on croise sans vraiment les voir, sur le parvis de Notre-Dame, par exemple, vendant à la sauvette des cartes postales pour nourrir leur famille, des hommes dont ne soupçonne pas la tragédie, la longue route d’épines jusqu’à parvenir à la survie — plus jamais la vie, juste la survie. Feurat Alani peut être fier de son bel ouvrage. Son père ne mourra plus maintenant. 

*Je me souviens de Falloujah, de Feurat Alanai. Éditions JC Lattès. En librairie depuis le 1ermars 2023. A figuré sur la liste du Prix Pagnol, finaliste du Goncourt du Premier roman. C’est dire.