Le Puértolas nouveau est arrivé. (Ça fait même deux mois, d’ailleurs).

Voilà Romain Puértolas chez un nouvel éditeur avec un texte qui ne ressemble pas à du Puértolas même si le titre, La police des fleurs, des arbres et des forêts lorgne encore un peu du côté de ses péchés mignons. Un texte donc qui met en scène épistolaire l’enquête policière d’un jeune officier de police (pour mémoire, Romain est officier de police « en disponibilité ») dans le petit village de P. (comme Puértolas, d’ailleurs, qui est le nom d’un village espagnol où ne vivent plus à l’année que quatre habitants, bref) où a été commis « un horrible meurtre d’une violence inouïe » (page 20). Nous sommes en 1961. L’année de la sortie au cinéma de La guerre des boutons. En librairie du Cheval pâle, d’Agatha Christie. Et c’est exactement au croisement de ces deux auteurs que se situe ce Puértolas nouveau (avec un pincée de Tati quand même, période Jour de Fête). Un Yves Robert donc, au pays d’Agatha Christie. Ici, tout le monde est suspect. Ici, un paysan a la gueule d’un paysan, un facteur d’un facteur et un policier d’un policier de la police des fleurs, des arbres et des forêts puisqu’ici, pas de crime, pas de monte-en-l’air, au pire, un braconnier. Sauf ce crime. Le jeune officier enquête. Reconstitue l’affaire. Raconte le déroulement de sa méticuleuse enquête dans des lettres au style joyeusement ampoulées, qu’il adresse à « madame la procureur de la République de M. », laquelle qui lui répond avec les mêmes joviales boursoufflures, jusqu’au dénouement final. Et c’est là que la malicieux Romain s’amuse. Car durant tout le livre, exactement comme Agatha Christie l’avait fait avec cette phrase « J’ai fait ce que j’avais à faire » caché dans Le meurtre de Roger Ackroyd, et qui dénonçait le narrateur comme étant le criminel, Romain, lui, persille tout son texte d’indices qui permettent au lecteur avisé de découvrir la formidable surprise qu’il nous réserve et nous laisse pantois. À l’arrivée, le nouveau Puértolas a fière allure. Texte jubilatoire. Super cadeau, en somme. (En plus, la jolie couverture verte et rouge est de saison).

*La police des fleurs, des arbres et des forêts, de Romain Puértolas. Éditions Albin Michel. En librairie depuis le 2 octobre 2019.