Le bal des folles.

Voici l’un des romans* les plus romantiques que j’ai lu depuis longtemps. Tous les ingrédients sont là. Un décor majestueux (la Salpêtrière à Paris). Une époque et des costumes (nous sommes en 1885). Une héroïne au prénom d’héroïne (Eugénie). Une injustice (parce qu’elle voit et entend des morts – au passage, passages magnifiques –, on la fait interner). Une méchante qui va retourner sa veste (Geneviève, infirmière très à cheval sur le règlement découvrira qu’Eugénie n’est pas folle et l’aidera à se sauver). Un sauvetage, justement (bel happy end). Un sacrifice (Germaine donne sa liberté pour que Eugénie recouvre la sienne). Un enjeu (la liberté des femmes). Des personnages secondaires épatants (Louise, Thérèse). Une figure historique (Charcot, qui met en scène les hystéries de ses aliénées). Et un bon paquet de ploucs (le tout-Paris qui se rue au bal de la mi-carême, donné à l’hôpital, où il peut frissonner d’approcher les folles). Avec ce premier roman parfaitement maîtrisé (à l’exception d’une curiosité**), Victoria Mas nous offre une série de portraits de femmes sublimes ainsi que le scénario d’une efficace série télé puisqu’il provoque indignation, larmes et soulagement. Une histoire au secours des ces femmes enfermées, jusqu’au mitan des années 1970, au nom du bon vouloir de ces messieurs. Une perle de plus après Camille Claudel 1915 de Benoit Dumont, Augustine d’Alice Winocour et, plus violent, l’inoubliable et incontournable Magdalena Sisters de Peter Mullan. Bonne lecture et bons films.

* Le Bal des folles, de Victoria Mas. Éditions Albin Michel. En librairie depuis le 21 août 2019. Prix Renaudot des Lycées, 2019. Prix Patrimoine de la Banque Privée BPE 2019. On trouve par ailleurs, un Le bal des folles d’un certain Chartes-Étienne, publié en 1930, chez Curio et un autre Bal des folles, de Copi, publié en 1999 chez Christian Bourgois.
** Page 9, il est écrit à propos du personnage de Louise : « Le corps a grandi trop vite ; la poitrine et les hanches, apparues à douze ans, ont manqué de la prévenir des conséquences de cette soudaine volupté ». Et, page 44 : « Louise venait d’avoir quatorze ans (…) sa poitrine et se hanches avaient soudain pris forme ». Sacrée Louise.