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Retour vers le futur.

Enfin, je retrouve l’Angst (et même le das Wovor der Angst) d’Heiddeger et l’angoisse de Sartre, qui me rappellent ces si beaux concepts de nos années estudiantines ; il nous faisaient débattre et nous battre et veiller jusqu’à l’aube, à Lille, à l’Étoile de Tunis, avec du Sidi Brahim (14,5%vol, quand même), en réinventant le monde, et surtout en essayant de nous y écrire une place. Catherine Monnet nous apporte enfin les réponses que nous cherchions alors dans l’impétuosité de nos dix-huit ans ; nous offre la clé. Celle de la reconnaissance de soi, cette première naissance philosophique au monde ; nos premiers pas vers le respect de soi, celui des autres et surtout l’Anerkanntsein (être reconnu) d’Hegel qui fait de chacun de nous une personne unique. Ouf.

17 oct 14 photo

La Reconnaissance –La clé de l’identité, Catherine Monnet, éditions L’Harmattan, déjà en librairie.

Dargent, une parole en or.

10 oct 14

J’aurais du apporter des fleurs, d’Alma Brami, au Mercure de France. 154 pages de lâchetés, de douces cruautés et finalement, sur l’apprentissage de la tendresse de soi.

Au risque de se répéter.

Touchant. Brillant. Drôle. Féroce. Poignant. Émouvant. Juste. Sincère. Léger. Grave. Virevoltant. Sombre. Lumineux. Sensible. Virtuose. Tout a été dit sur ce livre. Et tout est juste.

6 oct 14

Nos étoiles contraires, de John Green, éditions Nathan.

Lecteur, lève-toi !

Une fille découvre que son père est un criminel de guerre. A coté d’eux, un sourd les entend. 89 pages d’intelligence ; d’élégance de phrases emperlées de mots parfaits ; une construction impeccable pour une émotion encore plus troublante par le fait qu’elle est un récit cette fois, et non pas un juste un de ces romans brillants dont Erri de Luca nous fait régulièrement le cadeau. Le vrai tort serait de ne pas le lire.

3 oct 14

Le tort du soldat, Erri de Luca, éditions Gallimard, Du monde entier. En librairie.

Parent, ça se dit « géniteur d’apprenant ».

25 sept 14

Quand le matin, vous dites à un élève : « Nous allons lire aujourd’hui une nouvelle assez facile pour qu’Abdellah puisse suivre le cours, et qui s’intitule Mon ami le robot. Prenez votre livre à la page 67. Tu sais ce que c’est, Abdellah, un robot ? –qu’il vous répond Ben oui m’dame, c’est arabe en verlan », et que le soir, la formatrice des enseignants vous dit : « Si c’est trop juste, accélérez votre cours. Et puis vous devez respecter les trois lectures analytiques, trois lectures cursives et trois lectures d’œuvres intégrales par an », a) vous rentrez fumer le pétard du siècle, b) le pétard du siècle plus la biture du millénaire, c) vous quittez l’Éducation Nationale et faites des ménages, d) vous traitez tout ça avec humour, intelligence et un certain cynisme brillant. Emmanuelle Delacomptée a coché la réponse d dans son épatant récit1 sur sa première année d’enseignante à Saint Bernard de L’E, au collège des 7 Grains d’Or2. Un livre de prof qui n’a pas oublié qu’elle fut un élève ; ça vaut bien plus que la moyenne.

1 Molière à la campagne, d’Emmanuelle Delacomptée, éditions Lattès. En librairie depuis le 20 août 2014.
2 Situé entre les départementales D32 et D547.

Pas de bol.

23 sept 14

Voici un petit roman méchant, à moins qu’il ne soit une fable cruelle, d’un jeune journaliste brillant, à moins qu’il ne soit doué, sur un type qui n’a pas de nom, à moins qu’on ne l’ait même pas reconnu, qui a de la chance d’avoir un boulot, à moins que ce ne soit une humiliation et qui finit par être écrasé, à moins que ce ne soit une rampe de lancement vers la liberté. Bref, un petit roman social qui fait mal.

La Chance que tu as, de Denis Michelis, aux Editions Stock, collection La forêt. Déjà en librairie.

Nour’alâ Nour.

J’ai eu la joie de rencontrer Frank Andriat il y a deux ans, à Gujan-Mestras (charmante commune aux sept ports, capitale de l’ostréiculture arcachonnaise, située au sud du Bassin d’Arcachon, en pays de Buch), où nous étions finalistes du Prix des Lycéens. Outre un écrivain brillant, cultivé, raffiné, j’ai découvert un véritable homme doux –ce qui ne m’était jamais arrivé. C’est surprenant d’ailleurs, cette douceur chez un homme, surtout dans ce monde soit disant « feutré » des Lettres. Elle donne à voir les choses si différemment, si humainement. Ainsi, dans son dernier roman1, il raconte avec une haute délicatesse, le chagrin et la colère de ceux qui restent, à la suite du départ de deux lycéens partis combattre en Syrie, au nom de Dieu. Il écoute beaucoup avant d’apaiser (peut-être est-ce parce que Frank est aussi professeur ?), avant de recouvrir la douleur de douceur. Ces fleurs qu’on enverra de Damas sont celles qu’il nous envoie, à nous les ogres qui créons ces enfants monstrueux ; pour nous rappeler ce que nous avons déjà oublié.

20 sept 14

1Je t’enverrai des fleurs de Damas, de Frank Andriat, éditions Mijade. En librairie.

L’amour est bleu comme une orange.

Troisième roman du météore Nicolas Carteron (qui transforma un paisible libraire en éditeur heureux). C’est l’histoire d’un con, l’un de ceux dont Audiard disait que « s’ils volaient, il ferait nuit » ; un con magnifique, majuscule ; un con chanteur, dont les treize tatouages sur le corps racontent l’immense connerie ; mais un con qui sait lire, qui découvre soudain, sur un banc, après un nuit de connerie, un livre qui commence à s’écrire à son intention. Et le voilà qui, en découvrant les chapitres du livre, comme des énigmes, est amené à se dépiauter de sa connerie pour révéler un possible chouette type. Mais comme toujours dans les belles histoires d’amour, quand on s’aime vraiment, c’est trop tard. Malgré un cœur qui bat, comme une orange.
(En plus, Nicolas s’amuse beaucoup. Un exemple à propos de Disneyland, page 267 : Un monde merveilleux, sans crimes, sans crises, sans cristi du Crispy Jiminy Criquet criblent l’image du cirque qui croque devant les iris cristallins des petits criailleurs et des petites crinolines).

16 sept 14

Se souvenir des beaux lendemains, de Nicolas Carteron, éditions Grannonio. En librairie.