Invités # 48 et # 49. Frank Andriat et Romain Puertolas.

Quel bonheur parfois, l’improbable. Voici que, président du Salon du livre de Villeneuve-sur-Lot (en 2019), il me fut loisir d’inviter gens de bonne compagnie. Il s’en trouva parmi eux deux qui ne se connaissaient pas, firent connaissance à leur tour, cette fois dans l’ambiance toujours joyeuse d’un restaurant asiatique, là aussi en bonne compagnie (voir photo ci-dessous). Les épices et l’alcool de riz sans doute abolirent les frontières, on se promit de se lire, de se revoir, bref on devint proches. Et voici que quelques temps plus tard, l’un (en Belgique) écrivit une magistrale farce* sur l’autre (en Espagne) et que l’autre préfaça avec espièglerie pour le plus grand bonheur de l’un. J’ai donc demandé à Frank de photographier et de légender son livre et à Romain de nous le présenter.
C’est leur coup de cœur du moment. C’est aussi le mien. Bientôt le vôtre. 

« Être sauvé par Bob Tarlouze ou mourir pour un spéculoos ? », s’interroge Frank Andriat, auteur de cette photo.

« Alors voilà, il suffit que j’abdique de mon statut de roi du loufoque français, que je me mette à écrire des romans sérieux avec des twists finaux à la Night Shyamalan, auxquels même le grand Michel Bussi ne s’attend pas (cf. Sous le parapluie d’Adélaïde) pour qu’un jeune Belge au sourire enjôleur (j’allais dire “enjoliveur”… mais cela, c’était avant, quand je n’écrivais pas des romans sérieux) prenne ma place sur le trône et me tire avec lui une dernière fois au fond du trou de la fantaisie et de l’absurde. 
Frank (attention, sans « c » pour nous embrouiller) Andriat. Je me souviens encore de notre rencontre, au salon du livre de Villeneuve-sur-Lot, sous l’égide de ce même Grégoire Delacourt qui sévit aujourd’hui sur ce petit morceau d’Internet, dans un restaurant chinois, en (très bonne) compagnie du merveilleux Boualem Sansal. Frank me promet qu’il va lire le Fakir. Quelques jours après, il me téléphone, m’avise qu’il l’a terminé et qu’il va lire tous mes livres, l’un après l’autre. Cela sonne à mon oreille comme une menace. Quelques jours plus tard, il a terminé mon œuvre (oui, je ne suis pas Proust), m’informe qu’il se lance dans l’écriture d’un roman dans lequel je serai le héros, nouvelle menace. Qu’il met à exécution sans pitié. 
Reprenant le personnage qui a fait son succès planétaire, Bob Tarlouze le magnifique, il édifie une mission mondiale : sauver votre serviteur, Romain Puértolas, qui n’a jamais autant été en danger. On y retrouve une plume envolée mais acide, on y croise nombre de mes personnages (Jeff Palourde, cousin de Gustave, Mohammed Mohammed, bref, il vous faudra une solide connaissance en mes romans pour profiter au maximum de cette nouvelle aventure, mais les néophytes y trouveront également leur compte de rebondissements), dont ma femme !  
Frank ose tout, exagère ce que j’avais porté au comble de l’exagération dans le Fakir enfermé dans son armoire IKEA, dans La petite fille (faisons court, nous ne sommes pas payés au mot), dans Re-vive l’Empereur, et autres Tout un été sans Facebook. Tous se croisent dans cette orgie de mots, ce vaudeville désopilant. Bref, le roman le plus emblématique de mon époque loufoque, le plus drôle aussi, ce n’est pas moi qui l’ai écrit, mais Frank ! C’est un comble ! Ce soir vous êtes heureux car la pandémie est en passe de devenir un mauvais souvenir et vous vouliez le fêter en vous soulant au champagne ? Lisez Sauver la peau de Romain Puértolas, vous aurez l’ivresse et le plaisir sans le mal de tête et les bulles… » (Romain Puertolas).

*Sauver la peau de Romain Puertolas, de Frank Andriat. Préface de Romain Puertolas. Éditions Genèse. En librairie depuis le 4 juin 2021.
Le dernier roman de Romain, Sous le parapluie d’Adélaïde, est paru aux éditions Albin Michel en septembre 2020 . Le prochain est prévu début 2022.