L’art du timing.

Douglas Kennedy doit avoir un excellent attaché de presse car voici qu’au moment où il publie son dernier livre, Les hommes ont peur de la lumière*, un aimable roman mi-noir mi-thriller sur fond de lutte entre groupes pro-vie et pro-avortement, l’Amérique de Biden s’embrasse à propos d’une fuite de la Cour Suprême qui envisage de revenir sur l’arrêt Roe v. Wade du 22 janvier 1973 qui donne le droit aux Américaines d’avorter dans tout le pays.
Kennedy, à son habitude, depuis l’excellentissime L’homme qui voulait vivre sa vie, puis Les désarrois de Ned Allen, met en scène un quidam américain, plutôt dans une phase sociale descendante, ici Brendan, ex-ingénieur, désormais chauffeur pour Uber, qui croise des méchants, ici des pro-vie qui n’hésitent pas à faire le coup de feu sur les pro-avortement (histoire d’enfoncer le clou de leur méchanceté), sur fond d’Amérique qui se délite. À l’arrivée, un cru moyen (pour moi) dans une œuvre déjà foisonnante et brillante, mais qui tombe au bon moment. Ah, ces attachés de presse !

*Les hommes ont peur de la lumière, de Douglas Kennedy. Aux éditions Belfond, comme ses autres titres, depuis le 5 mai 2022.