Ravi.

Après nous avoir régalé avec deux romans* de genre, dits énigmatiques, à la manière de Marcel Aymé, Gaston Leroux ou encore de ce bon vieux John Dickson, voici que Romain Puértolas s’attaque cette fois au genre policier**. Le bandeau annonce la couleur : « Un fait divers dérangeant. Une vérité inimaginable ». Habile, face à la puissante concurrence des épatantes séries Netflix sur les criminels de tous poils, EpsteinThe Tinder Swindler ou Bad Vegan pour ne citer qu’eux.
Voici donc Les Ravissantes**, un vrai-faux polar à la croisée d’Agatha Christie et de Stanislas-André Steeman. La première parce qu’elle avait la coquetterie de persiller ses romans d’indices qui disaient le coupable mais auxquels on ne prêtait pas vraiment attention, comme Le meurtre de Roger Ackroyd, par exemple, et que Romain use beaucoup de ce procédé — soyez donc vigilants en lisant. Et le deuxième, qui nous régala en son temps avec L’assassin habite au 21, qui possédait le don de nous arracher cette exclamation à la fin : Ah, la, la, la, je le savais, je le savais ! — mais on sait très bien qu’on ne savait rien du tout. Bref, Romain s’amuse et nous ravit avec cette histoire américaine qui mêle petite bourgade, enlèvements d’adolescents, secte, bon vieux sheriff, bagnoles d’époque, diner où l’on trouve la meilleure omelette du monde, le chiffre 5, même un John Smith testeur de lits d’hôtels et quelques ovnis (nous ne sommes pas loin de Roswell, Nouveau Mexique), et surtout, nous manipule avec ses fausses vraies ravissantes.
Un livre agréablement léger malgré son poids de 420 pages, écrit en deux mois selon l’aveu de l’auteur, page 421, à Malaga***, ce qui me laisse… asombrado mais ravi.

*La police des fleurs, des arbres et des forêts (2020) et Sous le parapluie d’Adélaïde (2021), chez Albin Michel.
**Les Ravissantes, de Romain Puértolas. Éditions Albin Michel. En librairie depuis le 1 avril 2022. (Sérieux).
***Où l’on a arrêté en septembre dernier des trafiquants avec 344 kilos de cannabis. Mais bon, cela n’a sans doute rien à voir.